LA SANTE DES FEMMES TOUAREGUES Suivie des PATHOLOGIES RENCONTREES en BROUSSE


Où et comment aborder le concret dans ce qu’il y a de plus secret ?
 

Les grandes sécheresses ont entraîné la sédentarisation des éleveurs nomades. De petits postes de santé se sont implantés. Au vu du nombre de fréquentations des patients, des petites structures sanitaires ont été construites .Le plus souvent ces structures sont tenues par des secouristes diplômés ou non et d'une ethnie différente des Touaregs. Le nombre de fréquentations ne répond pas aux prévisions et les cases de Santé se ferment de plus en plus vite. D'autre part les Touaregs préfèrent aller à L'hôpital d'Agadez suite à ces différents ethniques et manque de compréhension de la langue.
Les campagnes sanitaires mobiles qu’elles soient faites en véhicule ou à dos de chameau sont irréalisables, épuisantes et onéreuses.

Les femmes touarègues sont également douées en matière de médecine traditionnelle et sont détentrices de savoir et de connaissances dans le   domaine de la prescription ou de la préparation de médicaments traditionnels.
Donc laissons-les utiliser leur médecine. 
Nous ne sommes qu’une deuxième ressource pour les cas graves et urgents. 

ʺAujourd’hui, la médecine traditionnelle est le premier recours dans nos campements et suscite intérêt et espoir des scientifiques pour certaines formules avérées efficaces.ʺ déclare la matriarche…………

ʺMes débuts en brousse se composaient de tournées de soins médicaux à dos de chameau.




Je perdais beaucoup de temps pour repérer les femmes isolées ou les campements. Mon amie, (jeune-femme touarègue) qui était mes yeux, mes oreilles, ma bouche m’a beaucoup aidé dans mon travail. Elle connaissait bien les zones qui ceinturent notre campement. 

Elle déchiffrait sur le sable le moindre indice.
Ce qui nous permettait d’arriver au but, de nos recherches.
Des heures à grimper les montagnes, à parcourir la brousse, des déplacements parfois infructueux pour localiser des malades signalés par les uns ou par les autres. 
Que de fatigue aussi sous un soleil de plomb toute la journée, que de nuits à rechercher un feu qui nous permettait de croire que nous étions enfin arrivées. 

Les soins, malgré les règles d’asepsie,  se faisaient à même le sol, les perfusions accrochées aux branches des arbres ou aux clous d'un mur de maison. 

Le transport du ou de la malade à dos de chameau durait des heures, parfois des jours quand son état ne permettait pas de poursuivre à travers la montagne pour rejoindre la petite case de santé.



J’ai abandonné cette méharée médicale pour me fixer à un endroit précis, où tout le monde pouvait me joindre.
 



Au début femmes et hommes venaient faire connaissance, me tester, m’épier. 

La confiance ne se gagne pas tout de suite. 


Pas commun non plus, une BLANCHE qui vit dans un clan avec des Touaregs. 

En général ce sont les hommes qui travaillent avec les européens, et non le contraire. 
Nous faisions avec mes animatrices, la une de toutes les conversations.
Cela valait mieux que critiquait le voisin, habituel dans toutes réunions d’individus.   

La méfiance toujours présente me gênait. 



Craignaient-ils par mon intermédiaire, un contrôle des autorités ? 
Pourquoi je vivais là alors que j’avais mieux en France ? Beaucoup de questions qui restaient sans réponse. 

La matriarche faisait rapidement taire tous ces bavardages. Elle disait même, que j’étais sa énième fille, ce qui a conduit au respect et considération à mon égard. J’existais maintenant et j’avais ma place comme tout individu faisant parti d’un clan. Les femmes les premières, m’ont fait confiance et sont venues nombreuses en consultation. Une sorte de test, d’examen de passage.

Pour les consultations,  les termes médicaux français étaient méconnus, et n’avaient pas le même sens en tamasheq. Il fallait que je fasse mes preuves et sans hésitation. 


Mon amie qui est devenue par la suite animatrice du clan, accomplissait son rôle d’assistante avec un grand sérieux, cela la valorisait vis-à-vis des siens. 
Une autre femme formée comme matrone - (les femmes du campement l’avaient choisi suivant certains critères : âge, expérience, disponibilité, discrétion) -  posait déjà les questions pour faire avancer l’examen, car le travail de la femme (eau, bois, pâturage) l’attend. 


C’est un luxe de venir en consultation et je sentais ces femmes stressées. Pour la simple raison : les maris comme pour les familles des maris, la consultation est une perte de temps et inefficace, car la femme ne travaille pas…..C’est une paresseuse !
L’activité de ces femmes au foyer n’est jamais appréciée à sa  juste valeur. 

(Conséquences de l'islamisation d'une grande partie des hommes.) 


La femme n'est plus valorisée comme le veut la culture touarègue

Avant que la femme se présente à la case de Santé, il faut savoir que la maladie se règle avec les proches, c’est une affaire de famille.
Le diagnostic est posé par l’ensemble des représentants du groupe familial. Ils sont tous malades et présentent toutes les maladies connues par la population. Cette stratégie est employée pour obtenir une grande quantité de médicaments afin d’en faire un commerce parallèle, car il faut penser à soigner la famille, les amis ou les voisins. Ces médicaments tant convoités, très efficaces, magiques, même ! 


Les Touaregs sont très amateurs de médicaments modernes. La difficulté est, que je ne voulais pas participer à un commerce parallèle et créer une accoutumance par de trop nombreuses prescriptions, aussi je faisais des interrogatoires très poussés. Cela me prenait beaucoup de temps pour bien me faire comprendre. A nous, de démêler les symptômes divers et variés pour trouver la cause du mal. Et pour cela il fallait faire preuve de patience, de douceur et surtout mettre en confiance la femme. Parfois elle partait avec des recommandations sans aucun médicament. Et j’ai très vite compris qu’il ne fallait pas utiliser cette méthode pour le bien être psychologique, physique et moral, de la femme. Il fallait user d’astuces et créer une pharmacopée de placebos.


La femme qui arrive en consultation, malgré la pauvreté de ses habits, revêt ce qu’elle a de plus beau. Parfois elle emprunte à une voisine. De sa chemise très légère, émanent des parfums épicés, boisés. La jupe est simple, noire, unie et propre. 

La tête recouverte de son voile (aleshu) surmonté de son manteau de fêtes (tarit) grande pièce de cotonnade teinté en bleu indigo. Mains et pieds sont enduits de henné. Elle est maquillée, ce qui laisserait  à penser qu’elle vient plus en visite de courtoisie, qu’en consultation. 
Non, c’est par respect. 
Sauf bien entendu la femme mourante…..
La tête inclinée, elle n’ose lever les yeux sur moi. 

Que lui a-t-on dit au sujet des Blancs ? J’avance doucement la main pour lui prendre le bras à savoir mesurer sa TA (tension artérielle) une grande inquiétude se dessine sur ses traits. Mon amie la rassure en lui massant les épaules. Geste habituel que j’ai souvent constaté chez les femmes, geste traditionnel pour les calmer. L’interrogatoire est long et difficile. La raison est simple, elle n’a jamais approchée une femme blanche. Son angoisse apaisée, elle soulève avec réserve sa chemise et m’indique de son doigt frêle et tremblant le côté de son mal. Elle a reçu des coups…. Nous la rassurons et lui donnons les conseils pour atténuer ses douleurs. En sortant, le mari est mécontent et montre à mon amie, les divers points de douleurs de sa femme. Je comprends tout de suite la manœuvre, et la laisse gérer ce sujet.
Le touareg est un grand simulateur, un grand imitateur. Il utilisera toutes les stratégies pour obtenir ce qu’il convoite le plus et c’est là le grand danger. Obtenir ce produit étrange doté d’un principe supérieur à sa culture, à sa médecine traditionnelle. Aidée de la matriarche j’ai appris les grands principes qui régissent l’histoire de la médecine traditionnelle avec tous ses aspects culturels. C’est les principes du Vrai et du Faux, du Chaud et du Froid, du Bien et du Mal.
Les médicaments modernes sont très désirés et les Touaregs se changeraient en voleurs pour les acquérir surtout les gélules, les comprimés rouges ou jaunes sont très demandés pour les fièvres nocturnes attribuées aux rayons de lune car ils sont les antidotes du feu lunaire qui est froid. 




Mon ami  - Marabout - travaille toujours avec moi


Dans la société touarègue l’étranger blanc, est un païen (akoufar). Pourquoi un païen ? Longtemps je me suis posée la question. Puis un jour j’en ai eu l’explication. C’est très simple. Les Touaregs ne voient jamais les Blancs comme ils disent, priaient ou montraient un signe quelconque de leur croyance à Dieu ou aux Génies. Nous sommes plus discrets….Donc l’étranger blanc païen qui soigne, a un pouvoir magique, qui ne fait pas parti du savoir culturel touareg ni du savoir coranique pour certains, il est un génie. Génie parce que ses médicaments combattent tous les maux, tous les mauvais sorts, toutes les mauvaises paroles. Il a des pouvoirs plus grands que le marabout ou le sorcier.
Cette analogie  repose sur l’efficacité des médicaments et la couleur. Et c’est là le piège.  


J’ai appris récentes ou anciennes méthodes,  que les sorciers qui soignaient les conjonctivites utilisaient le charbon contenu dans les piles électriques, s’imaginant que le khôl qu’utilisent les nomades est extrait de ces fameuses piles ! Il en est de même des crèmes antibiotiques et autres pommades. Le sorcier utilisera l’huile de vidange pour les massages ou soigner les plaies ! … quand j’ouvrais les pansements faits de feuilles, de chiffons et autres matières douteuses, le pire était à craindre. Parfois je me trouvais dans des situations particulières où nous devions faire vite. Inutile de décrire le désastre.
Il m’arrive de soigner des femmes possédées d’un ou plusieurs génies. Très difficile quand elles sont amenées en pleine crise hystérique par la famille, c’est coutumier ce genre de manifestation (Agoumattan) pour une quelconque raison, la femme est en transe, très agitée, liée pour qu’elle ne puisse agresser personne.
Durant ces crises, certaines vérités sont lancées sur les unes ou sur les autres. Intentionnel ou pas, Il semblerait que cela permette de régler les litiges entre femmes ou coépouses. S’ensuivent des bagarres. Malheur à celle qui touche la femme en état de transe…..]

On me demande aussi d’intervenir sur des jeunes femmes très agressives. Il faut faire sortir les génies. Mais quels génies ? 
En Afrique noire, on égorge des poulets et on asperge l’assistance de leur sang pour purifier les femmes. Mais ici ! Je trouve enfin le remède miracle .........................]
qui leur permettront de voir les génies disparaître et se sentiront libérées corps et âme !. La joie se lit sur les visages, et on les voit disparaitre en courant dans la brousse devant une assemblée stupéfiée. La crise d’hystérie est déjà guérie…

Il faut se pencher sur ces cas et ne pas porter de jugement trop hâtif.
Il faut comprendre que ces crises interprètent très fréquemment des problèmes au sein de la famille : soit c’est une femme rejetée par le mari, ou violée (bien qu’elle ignore ce terme) soit des mauvais traitements d’une famille abusive ou une femme dépressive. 
Il faut faire très attention et ne pas laisser partir la femme sans connaitre la raison de son hystérie qui parfois est simulée. Cette crise violente et très spectaculaire par la démonstration de folie, inquiète et effraie tout le monde touareg. Les Génies en possession de la femme vont rejaillir sur les autres et demander des comptes, les inquiétants durant des jours et des nuits et leur faisant perdre la raison. Et on verra des femmes erraient la nuit dans la brousse. Certains hommes sont sujets à ces crises. Difficile de les approcher en tant que femme. A présent le contact est plus aisé ce qui me facilite la communication et les soins..........................]
J'ai vu ces crises sur des femmes que je côtoie tous les jours, sans penser qu'un jour elles viendraient me trouver pour être soignées....

Je fais preuve de patience (de courage !) de douceur et c'est ainsi que je peux approcher les communautés et être acceptée parmi elles, car


Leur culture est une culture différente de la mienne !




Il y a beaucoup de fièvres récurrentes que la population identifie comme crise paludéenne d'après ce précepte : toute fièvre évoque une crise de paludisme, ce qui n'est pas toujours le cas et on aboutit à une surconsommation de quinine ou produits dérivés dont on ignore la provenance avec une notice explicative rédigée en anglais……… 
A long terme il y a un phénomène de résistance.

Des maux de tête, migraines typiques journalières, particulièrement chez les bergères (impact du soleil), L'ensoleillement agressif est responsable de cataractes précoces. Irritations conjonctivales et cornéennes chroniques, dues à la poussière de sable omniprésente, et au vent soufflant fréquemment. Enfin le trachome (parasite infectant la cornée) provoquant des douleurs oculaires intolérables, qui évoluent vers la cécité par opacification de la cornée, à tout âge.

Rhino-pharyngites qui évoluent en bronchites aiguës ou chroniques surtout en saison froide en raison du décalage thermique entre le jour (+25 à +50°C) et la nuit (+ 5 à - 5°C). La population de brousse  ne possède que des abris faits de nattes, qu’une couverture pour toute la famille et pas suffisamment de bois pour se chauffer.

Ces bronchites survenant chez une population dénutrie, perdurent et peuvent être fatales. Le nombre de personnes souffrant de bronchites et d'insuffisance respiratoire est en nette augmentation. La crise d'asthme  fréquente est aggravée par les vents de sable et le feu de bois dans les habitations.

Réapparaît la Tuberculose. J'ai demandé une étude de dépistage dans certaines zones de brousse, suite à une intervention d'une jeune fille de 17 ans (tumeur de la parotide) qui a permis de découvrir dans un second temps opératoire, des ganglions tuberculeux. Le traitement trop lourd et la chirurgie tardive n'ont pas permis de sauver cette j-fille
 
Nombreux cas d’hypertension artérielle, liée au nombre croissant d’anémie et ce, chez les femmes comme chez les hommes. Par contre la consommation de cigarettes et d’alcool est en nette augmentation, due à différents facteurs sociaux. 
L’hypertension artérielle est sournoise, elle ne donne pas de symptômes importants qui  puissent alerter la personne. Et ce n'est pas la priorité pour une population luttant pour sa survie ! 

La gale - l’eczéma – la teigne – l’impétigo : touchent les enfants et les adultes. Ces mycoses sont souvent infectées et font    leur apparition par périodes régulières. Cela s’explique par un climat sec et des conditions d'hygiène douteuses .Des furoncles, des abcès, des blessures aux pieds provoquées par des épines d'acacia répandues dans le sable (la population marche le plus souvent pied nu) entrainant des mycétomes dont le pronostic est grave. À plus ou moins long terme une amputation sera pratiquée. 


Un mycétome est une « pseudo-tumeur » inflammatoire localisée dans un tissu sous-cutané. Elle résulte d'une infection associant :
•    un champignon (présent sous forme de grains fongiques, de couleur foncée, noirs, bruns ou rouges)
•    Une bactérie
Les grains visibles dans la tumeur sont composés de spores et de filaments mycéliens Le mycélium est la partie végétative des champignons ou de certaines bactéries filamenteuses).


Agent causal
Les mycétomes sont dus à des microorganismes saprophytes (décomposeurs normalement et couramment répandus sur et dans les sols), mais qu'on trouve aussi sur les épineux des climats semi-désertiques.

Le pathogène pénètre l'organisme via des piqûres d'épines contaminées ou une plaie préexistante.

Une atteinte osseuse sous-jacente est fréquente, diagnostiquée par l'examen microscopique des grains et leur mise en culture.

Traitement du mycétome
Le traitement est principalement amputation du membre
Les mycétomes sont des processus pathologiques au cours desquels des agents fongiques émettent des grains. C est une maladie infectieuse chronique, endémique dans les pays tropicaux, mais rare sous nos climats. Elles touchent les tissus mous, le squelette avec parfois des atteintes viscérales mortelles. L atteinte du pied  la plus fréquente  dans 80 % des cas.
Un cas de localisation au pied est rapporté. Le but de ce travail est de rappeler cette affection rarissime, souvent méconnue par le praticien, et qui demeure une source de difficultés thérapeutiques.

Sans oublier les nombreux cas de brûlures, dues aux nombreux enfants jouant près des foyers et aux incendies d'abris en brousse (rôle du vent).
 
Carence iodée Cause la plus fréquente d’hypothyroïdie, qui est responsable d'insuffisance thyroïdienne grave existant dès la vie intra utérine quand la mère est également carencée, avec goitre volumineux, crétinisme, troubles neurologiques irréversibles. 

La femme consomme moins d’aliments que l'homme. Elle mange après eux, ce qui reste. Cette pratique est la survivance de l'exigence de l'entretien de la force de travail masculine, qui ne se justifie plus, ni en milieu rural, du fait de la modernisation des campagnes, ni en milieu urbain du fait de la malnutrition. Celle-ci se répercute d'ailleurs sur les enfants. Même si ces derniers ont un statut social important, leurs conditions de vie se détériorent de plus en plus.
 
Nombreux cas de Diabète gestationnel et de Malnutrition ÉLOGE A LA GROSSEUR ou L’OBÉSITÉ jongle avec la mort. La fortune d'un homme se mesure à la grosseur de sa femme.             
LES HOMMES PRÉFÈRENT LES GROSSES !
Les femmes utilisent à l’heure actuelle des hypothétiques vitamines venant de pays limitrophes, pour grossir : VITAMINES DESTINÉES AUX ANIMAUX. Phénomène inquiétant qui amène 6 femmes sur 10  à l’hôpital. Le cas est jugé de très mauvais pronostic, et met fréquemment sa vie en danger.

L’état bucco-dentaire est déplorable en raison d’une alimentation riche en sucre. De plus les dents servent de pinces ou tenailles. L’hygiène dentaire et buccale est inexistante, elle n’est pas leur motivation principale. Lors d’un repas, la tasse pour boire et la cuillère vont servir à tous, d’où nombreuses Mycoses buccales et digestives Ceux qui présentent des infections, contaminent tout le monde. Les problèmes digestifs sont courants, gastrites, ulcères, dus à une consommation excessive de thé ou de tabac à chiquer dont on ajoute du natron.
La population n’a pas la possibilité et les moyens financiers de se soigner correctement, ou d’acheter les traitements prescrits, surtout lorsqu'il s'agit de maladies chroniques. Ce qui entraîne une dégradation préoccupante de la situation sanitaire de ces communautés. 


Est prédisposée aux déformations du squelette avec douleurs articulaires, la plus grande partie de la population qui effectue des travaux physiques pénibles, et ce depuis le plus jeune âge, touchant tous les points d’appui du corps et en particulier épaules, colonne vertébrale, bassin qui entraîneront des problèmes lors de l’accouchement, genoux et chevilles. 
Ces activités, ainsi que ces grandes distances parcourues à pied, leur procurent une grande élasticité des articulations mais entrainent malgré tout des douleurs chroniques. Or, leur survie dépend de leur travail. Les fractures qui ne sont pas traitées, provoquent des déformations avec douleurs atroces et limitent les mouvements.

Nombreux cas d'infections urinaires basses. Les femmes ont des règles importantes douloureuses, mais de courte durée. Des cas plus nombreux d’infections vaginales, de kystes ou cancers ovariens, de cancer du col entrainent de nombreuses fausses couches. Les grossesses sont trop rapprochées, les femmes sont épuisées et la carence en fer est importante. Aménorrhées  Chez la jeune fille après l'âge de 16 ans avec ou sans développement pubertaire.

On dénombre de plus en plus de FISTULES OBSTÉTRICALES dues à des accouchements longs et difficiles.


La jeune fille de moins de 12 ans est en âge de procréer. La fécondité étant précoce, les grossesses rapprochées font que le taux de mortalité maternelle est très élevé. L'espérance de vie en brousse est de 35-40 ans. Le taux de mortalité augmente la tendance à la procréation. Tous ces risques peuvent être limités par un suivi approprié, une alimentation équilibrée.

Malgré nos efforts, nos programmes de sensibilisation, notre aide, ces femmes, ces filles de 12 à 14 ans accouchent seules loin des siens, à même le sable, dans une case dépourvue de tout mobilier. Grossesse et accouchement étant des sujets tabous dans le monde touareg.   


NOUS LES AIDONS. C'EST NÉCESSAIRE JE DIRAI MÊME C'EST VITAL.

Et là commence dans le plus grand silence, la lente agonie pour donner la vie.
Aucun gémissement, elle serre les dents pour n’émettre aucun son. J’ai toujours été frappée par le calme qui régnait et le silence de ce bébé qui apparait….Il semble que lui aussi soit patient, en attendant de savoir ce que cette journée va lui réserver… Présence ou non de la matrone on ne s’intéresse pas à la mère pas plus au bébé…S‘ils doivent vivre, ils vivront. Aucun contrôle du travail, aucun soin. J’ai été épouvantée par cette non-assistance.
Lentement, doucement j’ai appris à la matrone à surveiller l’enfant et la femme jusqu’à la délivrance. Sa vie se jouait à ces moments précis, comme celle de son enfant. Elle ne devait pas être abandonnée, mais choyée car donner la vie n’est pas facile surtout pour ces filles qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.
Avec beaucoup de patience je suis arrivée à faire admettre à la matrone, qu’il fallait laver la femme avant et après l’accouchement. Lui parler avec calme, lui chuchoter à l’oreille des mélodies qui ne pouvaient que la calmer et lui masser le dos.
Les accouchements se passent bien si la matrone et l’infirmière sont présentes : heureusement, car en cas de complication il faut 8 à 14 heures de transport pour gagner l’hôpital d’Agadez.

De nombreuses hémorragies sont à déplorer et sont fatales à la femme. Parfois l’accouchement de cette fille ou femme, partie au pâturage, se déroule en pleine brousse, loin de tout sans information, loin de tous dans des circonstances catastrophiques. J’ai rencontré chez ces jeunes filles et femmes de nombreux drames dont elles n’étaient pas informées, ni préparées, tels que : plaies vaginales très fréquentes - femme qui accouche seule, rapports mal maîtrisés - nombreuses jeunes filles sont données en mariage en tant que deuxième ou troisième femme, à des hommes très âgés pour une somme modeste : 8 €, et en prime des déformations du bassin -  


Des fistules dues à une mauvaise présentation, un accouchement long et difficile, une femme anémiée et très fatiguée.

L’avenir de cette jeune fille ou femme fistuleuse est ensuite un calvaire. 

Rejetée, isolée du reste du clan, elle va poursuivre la brève et périlleuse vie d’une recluse. Faute de soins, car personne ne veut en parler, sujet tabou, ses jours sont en danger ainsi que ceux de son enfant………Il faut aller la chercher pour qu’elle puisse profiter d’un centre adapté à cette pathologie, et lui laisser l’espoir d’une autre vie autre que celle d’une prisonnière de tabous.
La mère et l’enfant restent enfermés dans la case 40 jours, durant lesquels la femme n’a aucune obligation autre que de s’occuper de son bébé, une femme est chargée de lui apporter ses repas. Le reste ne regarde personne. Durant cette quarantaine, le bébé est caché aux regards étrangers, à cause du mauvais œil son baptême sera célébré au 7ème jour par le marabout. Preuve que l’enfant est bien vivant. Quand on sait que la mortalité périnatale est extrêmement élevée, on ne donnera pas son prénom avant cette date. La femme a cessé de considérer l’enfant comme une grâce, mais plutôt comme une charge qu’elle ne veut plus supporter car elle craint ces accouchements à risques. Si nous tenons compte des carences alimentaires, de la charge journalière du travail de la femme de brousse, la fréquence des naissances et le manque de soins médicaux appropriés, il ne faut pas s’étonner que la santé de la femme soit si désastreuse, que son état soit préoccupant et terrifiant.  


Mortalité maternelle et mortalité infantile sont étroitement liées.

Quand une mère meurt en donnant naissance, son enfant meurt souvent avec elle. Le nouveau-né privé de mère a un risque trois à dix fois plus élevé de mourir que celui dont la mère survit à l'accouchement. Chaque année, jusqu'à deux millions d'enfants perdent leur mère faute de services qui sont accessibles dans les pays riches. L’espacement des naissances réduit la mortalité infantile de près de 20 %.Un intervalle de trois ans entre les naissances réduit les risques de naissance prématurée et d'insuffisance pondérale à la naissance. Les enfants non désirés sont en général plus vulnérables que les autres au risque de maladie et de décès. Les taux de mortalité et d’invalidité maternelle mettent en apparence les conséquences de la pauvreté.
Chaque minute, une femme meurt de causes liées à la grossesse.

Cela représente :  
1 million et demi de mères qui décèdent chaque année - chiffre qui n'a pratiquement pas diminué au cours des dernières décennies.  
8 millions qui souffrent de conséquences des complications de la grossesse qui durent toute la vie. 
Chaque femme, riche ou pauvre, affronte un risque de complications lors de l'accouchement, mais les décès maternels sont pratiquement inexistants dans les régions développées.

L'absence de progrès pour diminuer la mortalité maternelle en de nombreux pays fait ressortir le peu de valeur attribué à la vie de la femme et témoigne de sa faible influence dans le rapport des priorités. 


Pauvreté et survie des mères en brousse.

La pauvreté accroît les risques de la grossesse.  La mortalité et la morbidité maternelles aggravent la pauvreté. Les conditions d'une bonne santé en matière d’accouchement doivent être réunies dès le début de la vie. 





A la recherche de déchets laissés par des touristes peu respectueux
1Le rachitisme des filles sous-alimentées et les malformations osseuses augmentent les menaces d'un accouchement à risques.
2 - La femme souffrant de malnutrition expose son enfant à un décès prématuré ou à une infirmité chronique.
3 - L'anémie, conduisant à une hémorragie post-partum, frappe 50 à 70 % des femmes enceintes.

 


En raison du faible  niveau éducatif, la femme ne comprend pas les risques liés à la grossesse, les questions relatives à la santé, elle ne s’informe pas et ne cherche pas à obtenir des autres membres de la communauté qu'ils lui dispensent en temps utile des soins susceptibles de sauver sa vie. La fécondité élevée multiplie les dangers que la mère affronte au cours de sa vie, 2 femmes sur 20 décèdent pendant ou après la grossesse. En brousse dans les zones les plus pauvres, une femme sur 6 affronte ce risque. Dans les pays industrialisés, c'est le cas d'une femme sur 2 800. 

99% décès maternels surviennent dans les pays en développement,
95% en Afrique et en Asie.

Bien que le recours aux contraceptifs puisse prévenir 20 à 35 % des décès maternels, l'insuffisance des fournitures,  des services de planification familiale, et les normes socioculturelles interdisent aux femmes de les utiliser.
 




Brûlures dues à des chenilles processionnaires sur le thorax d'un enfant


















    
Déshydratation de la peau entraînant des crevasses - très douloureuses -(parfois avec atteintes osseuses). 6 mois de soins pour arriver enfin à :






 





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