Dossiers : Un combat de femmes








 



Pourquoi :

Tant de violences contre les femmes ?

Sur mes gardes, toujours
.» A peine sortie de chez elle, le matin, Feriel se sent oppressée, «harcelée» de toutes parts. «Il y a évidemment les regards insistants, lubriques ou méprisants. Les remarques déplacées, sans oublier les propos obscènes et autres indécences», relate la jeune fille, qui se décrit pourtant comme «quelconque». «Il est clair que c’est ‘soft’ comparativement aux autres types d’agression. Mais qu’est-ce qui donne le droit à un homme, qui a parfois l’âge de mon père, de m’envahir en me jetant à la figure ce qu’il pense de moi ?», s’énerve-t-elle.


Anecdotique, comme certains pourraient l’avancer ? Non, tant elles sont nombreuses à vivre avec ce perpétuel sentiment d’inconfort, voire d’insécurité, dès qu’elles mettent un pied dehors. «C’est infernal, vraiment. Dans la rue, dans les transports en commun…», déplore Nawel.
-Cette trentenaire aux longs cheveux auburn slalome plus qu’elle ne marche, les mains dans les poches de son long manteau, en jetant de temps à autre des regards autour d’elle. «Le pire est dans le bus. On vous effleure, parfois on vous palpe carrément et, lorsque vous criez, on vous crache que vous n’êtes qu’une moins que rien, que vous l’avez cherché parce que vous ne portez pas le foulard !», s’indigne-t-elle. Pas évident, puisque même le voile n’éloigne pas ces harcèlements. «Ah non, j’ai pu constater que depuis que je porte le foulard, rien n’a changé, les embêtements sont exactement les mêmes», répond Amel, 25 ans.
Alors, dans cette «jungle», elles ont développé des «instincts». Il y a d’abord l’apparence. «Je fais en sorte de passer inaperçu. J’ai toujours un long gilet et une écharpe», explique Chanez, la trentaine. 
Éviter les endroits isolés, mais aussi les places où il y a un attroupement et choisir ses heures de sortie. 
Éviter les contacts visuels de peur que ce soit compris comme une invitation ou une provocation.
Affûter son ouïe et presser l’allure dès que des bruits de pas se rapprochent. Baisser le regard. Faire celle qui n’entend rien. Se faire la plus discrète qui soit. Vouloir «disparaître».
Car vient le jour où elles font tout pour éviter ces tracas quotidiens, cette pesanteur. «Je m’interdis beaucoup de sorties à cause de ça. Que l’on soit au volant ou à pied, on n’y échappe pas !», insiste Naïma, la trentaine. «Rien que tout à l’heure, j’ai dû fuir un événement parce qu’un gamin, 16 ans maximum, me suivait pour me mettre la main aux fesses !», ajoute-t-elle. «Je me suis faite agresser assez violemment à deux reprises parce que  je suis une femme, que je n’ai le droit de ne rien dire et de ne rien faire. D’ailleurs, la police a tenté de me dissuader de porter plainte les deux fois», enrage la jeune femme. Selon elle, la société algérienne n’a toujours pas accepté la présence féminine dans l’espace public. «Le pire est que beaucoup d’hommes prennent ce genre de situation pour des cas isolés et se permettent de dire que les femmes dramatisent leur situation en Algérie. Je ne suis pas d’accord, de quel droit vient-on nous importuner ?», conclut-elle. «Est-ce que le fait que je sois dehors fait que je sois à la portée de tous ? 
Que je sois du ‘domaine public’ à un point tel que le premier venu puisse m’atteindre avec ses remarques ?», s’indigne quant à elle Feriel.

Queue de poisson et aboiements

On pourrait penser qu’être en voiture épargnerait de tels «désagréments» aux femmes. Que nenni… «Je travaille dans la banlieue d’Alger et je fais plus 40 km par jour pour rejoindre mon lieu de travail», raconte Naïma. «Je me fais suivre en voiture, j’ai droit aux ‘latin-lovers du dimanche’ qui sont capables de devenir hargneux si l’on ne répond pas», se plaint-elle. «J’ai remarqué l’agressivité de certains hommes, surtout les jeunes, lorsque je conduis. Je ne sais pas si c’est pour me faire peur ou pour me dire que ma place, en tant que femme, n’est pas au volant», souligne Samia. «Souvent, lorsque je suis sur la route, je devine, après coup, que c’est un homme que je viens de doubler. Certains le prennent mal et n’hésitent pas à me faire une queue de poisson… Je ne pense pas que si j’avais été un homme, la réaction aurait été aussi violente et que j’aurais d’ailleurs eu le droit au ‘baiser volant’ qui s’ensuit», raconte, avec un haut le cœur, Lamia. «J’ai même eu à essuyer des grognements et des aboiements, tout cela parce que je n’ai pas laissé un énergumène griller la file d’attente en voiture», s’attriste-t-elle.
Dans la rue et sur la route. Et sur leur lieu de travail ? «Je suis cadre commerciale et j’ai parfois des problèmes avec mes clients. Certains préfèrent traiter avec un homme parce que plus disponible, tandis que d’autres pensent que je suis à leur disposition», confie Rachida avec un clin d’œil entendu. 


Les femmes recourent rarement à la justice pour se défendre
Quand la loi consacre l’inégalité

La violence à l’égard des femmes se nourrit également de textes de loi dont l’esprit et parfois la lettre complaît aux pesanteurs et résistances sociales et culturelles.


Deux gifles et trois coups de pied dans le ventre.

Hassina les a comptés. Au détour d’une mauvaise conversation, elle s’est fait tirer par les cheveux et traîner de la cuisine jusqu’au salon. Bousculée, injuriée et menacée en présence de ses deux enfants, Hassina, 35 ans, en parle avec une colère sourde. «C’était en janvier dernier.» Echappant aux mains oppressantes de son mari, Hassina s’est réfugiée dans le commissariat le plus proche de sa résidence, dans la capitale, en attendant que ses frères la rejoignent.

Les policiers connaissent son mari. «Il est connu comme un loup blanc dans le quartier et tout le monde l’adore», raconte-t-elle, des mois après cette malheureuse mésaventure. Son mari est alerté et Hassina, qui ne souffre d’aucune blessure apparente, est priée de se reposer dans un des bureaux du commissariat. Ses deux frères arrivent.
Le mari explique le dérapage et dénonce l’exagération de son épouse. Entre les trois hommes, le ton monte, mais les agents qui ont recueilli la femme, encore en pleurs, calment les esprits : «C’est une affaire de famille, réglez-la tranquillement chez vous.»
La négociation prend fin et la jeune femme effarouchée quitte le commissariat pour rejoindre son domicile conjugal.
L’affaire est vite étouffée, la plainte n’est pas prise et, depuis, Hassina a appris à devenir conciliante et docile, elle a vite compris que même si la loi prévoit des peines d’emprisonnement allant de «un à cinq ans pour quiconque commet volontairement des blessures ou porte des coups à autrui», elle ne sera jamais de son côté.

Impunité et banalisation

«Des femmes dissuadées de déposer plainte, comme Hassina, nous en rencontrons tous les jours, elles savent que si elles maintiennent leurs plaintes, elles risquent la rue, la disgrâce sociale», confie la sociologue Dalila Djerbal, membre du réseau Wassila/Avife, coalition de plusieurs associations algériennes œuvrant pour une meilleure prise en charge des femmes et des enfants victimes de violences. «La société n’accorde pas le statut de victime à ces femmes et la loi algérienne ne prend pas en compte les violences subies dans le cadre familial. Or la majorité des violences sont justement commises dans la cellule familiale», indique-t-elle encore. En dépit de l’existence de certaines dispositions qui protègent la femme, force est de constater que leur application relève de l’utopie dans une société étouffée par le tabou.

La violence physique n’en est que la partie apparente.

Conditions du mariage et du divorce, héritage, polygamie, etc. Dans tous les rapports qui confrontent la femme aux autres, elle est maintenue dans un statut de mineure à vie.
La femme est loin d’être l’égale de l’homme, comme le garantit l’article 29 de la Constitution. «Les Algériennes ne sont pas des citoyennes !», tranche encore Dalila Djerbal. Elle en veut pour preuve le code de la famille qui régit les rapports familiaux et qui «ne reconnaît pas à la femme, contrairement à la Constitution, le droit à la citoyenneté et à l’égalité».
Et les amendements promulgués par le président Bouteflika le 27 février 2005 au code de la famille de 1984 confortent l’inégalité et consolident l’impunité.

Seules devant la loi

Pour Feriel Lalmi, politologue et docteur en sociologie, qui a consacré un ouvrage au statut de la femme en Algérie, «le code de la famille de 1984 institutionnalise l’inégalité homme/femme et impose que la femme obéisse à son époux. Ce n’est pas la femme qui conclut le mariage, mais un tuteur matrimonial. A cela s’ajoute l’inégalité devant le divorce».
Dans son ouvrage polémique, Les Algériennes contre le code de la famille, elle souligne avec mesure que «les luttes féministes ont porté leurs fruits en 2005 avec la suppression du devoir d’obéissance de la femme à son mari et la réglementation de la polygamie. Il y a eu des avancées, mais elles restent insuffisantes». Cette insuffisance se vit au quotidien par les Algériennes, toutes soumises à la loi du silence.

Le panel de la violence est large. A chacune son histoire, mais toutes sont cruellement soumises à la loi du silence consenti par tous. Un silence complice. Dernier cas qui a bouleversé les militantes du réseau Wassila, celui d’une dame âgée de 60 ans. Six coups de couteau dans le ventre.
La femme a subi les foudres de l’homme auquel elle est mariée depuis plus de 35 ans. Elle reste un mois dans le coma.
A sa sortie de l’hôpital, elle prend un avocat et dépose plainte contre son mari pour mettre fin à des années de terreur.
Dans ce cas parmi d’autres, le réseau Wassila, qui travaille quotidiennement avec un collectif de juristes et d’avocats spécialisés, montre du doigt le personnel de santé qui n’a, à aucun moment, signalé à la police cette agression. D’où la nécessité d’une loi spécifique, revendiquée par tant d’associations, pour protéger ces femmes mais aussi impliquer la police, les personnels de santé, toutes les instances de la société pour mettre fin à ce silence complice… 



Tribune des droits humains

Le calvaire du  repassage des seins  des adolescentes

 
Au Cameroun, à Douala capitale économique du Cameroun  « Mon calvaire a commencé à 12 ans », se souvient Christelle.

« Chaque soir, ma mère me faisait asseoir près d’elle dans la cuisine. Elle dénudait alors ma poitrine pour presser avec force une spatule chaude sur mes seins naissants. Pendant que je hurlais de douleur, mes deux tantes me maintenaient. Au bout de trois mois, ma mère a été forcée d’arrêter en raison de mes brûlures. »

Supprimer les signes extérieurs de féminité

Tradition ancestrale moins connue que l’excision, le « repassage des seins » vise à freiner la poussée mammaire en écrasant la chair avec des pierres chaudes, des pilons, voire des épluchures de bananes plantains passées au préalable sur le feu…
Le but recherché ? Retarder l’âge du premier rapport sexuel en supprimant les signes extérieurs de féminité. Ces massages douloureux se déroulent dans l’intimité du cercle familial, ce qui explique en partie le silence qui entoure cette pratique pourtant répandue en Afrique équatoriale.
Le Cameroun est le pays le plus touché. Près d’une femme sur dix est victime de cette mutilation, selon un rapport publié en octobre par la Coopération technique allemande (GIZ) qui a enquêté sur tout le territoire.

Le taux de prévalence varie cependant d’une région à l’autre, et avoisine les 20% dans la région du nord-ouest. Dans les zones septentrionales, où la plupart des filles sont mariées dès la puberté, certaines adolescentes s’infligent elles-mêmes ce supplice afin d’échapper à une union précoce et pouvoir continuer leur scolarité.

Les mères répètent ce qu’elles ont subi

Le « repassage des seins » est un phénomène culturel qui se transmet entre les générations : les mères répètent les gestes qu’elles-mêmes ont subis.
Il ressort des différents témoignages recueillis par la GIZ que toutes ont eu de bonnes intentions, et n’ont jamais imaginé causer du tort à leur progéniture. Selon elles, il s’agit d’une technique comme une autre pour contrôler la sexualité de leur fille.

Marie-Thérèse la mère de Christelle, justifie :
« Le sexe est un sujet généralement tabou dans la famille camerounaise, on n’en parle pas avec nos enfants. Le massage de la poitrine, c’est notre méthode contraceptive locale. »
Une précédente étude réalisée en mai 2005 par GIZ avait révélé qu’un quart des Camerounaises étaient victimes de cette pratique. Une vaste campagne de sensibilisation avait ensuite été lancée en 2006 par le Réseau national des associations de tantines (Renata). Le gouvernement s’est aussi mobilisé, interpellant les parents sur les risques liés aux mutilations féminines.
Aujourd’hui, « la prévalence du repassage des seins est certes réduite de moitié, mais le nombre élevé de jeunes filles touchées reste préoccupant. Nous ne serons satisfaits que lorsque cette pratique sera abandonnée », souligne Flavien conseiller technique et anthropologue pour la GIZ-Cameroun.

Accès difficile à la contraception

Les traumatismes psychologiques et physiques causés par cette mutilation sont nombreux : 32% des femmes se plaignent de fortes douleurs aux seins, 17% signalent des kystes et des abcès à la poitrine… Devenues mères, beaucoup ont rencontré des difficultés pour allaiter leur nouveau-né, mettant en avant un blocage mental.

Au final, force est de constater que le « repassage des seins », utilisé comme méthode contraceptive, n’a pas franchement d’incidence sur les grossesses adolescentes : près d’un tiers des jeunes Camerounaises se retrouvent mères avant l’âge de 16 ans. Et ce taux ne faiblit pas.
Selon l’association Renata, il faut maintenant que le gouvernement mette l’accent sur la vulgarisation des méthodes contraceptives qui sont moins coûteuses, moins traumatisantes et plus efficaces. Christelle a eu son premier rapport sexuel à 14 ans. Trois ans plus tard, elle accouchait de son premier enfant.


Tout est dérision, tout est poussière, et tout n'est rien. (proverbe latin)


"Après des mois et des mois, de sensibilisation, d'informations auprès des femmes de brousse.
Après bien des discussions avec les chefs de village.
Après des espoirs qui souvent se sont soldés par des désillusions cuisantes.

Les femmes se bougent et comprennent enfin qu'une jeune fille fistuleuse est une pestiférée, éloignée de son clan et que son avenir ainsi que celui de son enfant sont précipités vers l’abîme.

Que les mariages précoces sont la plaie vivante dans les clans.
Ce résultat pour moi après tant d'années de discussions, est une grande joie.

Juillet 2012 je soulevais les problèmes, rencontrés par ces filles de 10 à 15 ans.
Juillet 2013 loin de toutes, ces problèmes refont surface. 
Est-ce du à la journée de la femme? ou la femme se bouge vraiment. 
Si c'est le cas :
Ma petite flamme qui s'étiole dans le Désert, reprend vie...."  C-M.M


Les adolescentes confrontées aux grossesses précoces    

Souleymane Maâzou

NIAMEY , 19 juil 2013 (IPS) - 

L’enquête démographique et de santé réalisée en 2012 au Niger, par le ministère de la Santé publique, a révélé que 75% des filles se marient avant l’âge de 18 ans dans ce pays sahélien d’Afrique de l’ouest.
Ce pays majoritairement musulman dispose du taux de fécondité le plus élevé au monde avec 7,1 enfants par femme, selon une précédente enquête démographique et de santé réalisée en 2006. 

Les jeunes filles de la tranche d’âge de 15-19 ans sont les plus exposées à cette situation, selon l’enquête. Ces adolescentes mariées précocement, contractent des grossesses précoces qui compromettent leur avenir et le développement du pays. Des sources médicales indiquent que 40% d’entre-elles tombent enceintes quelques mois après leur mariage. 
''Les pesanteurs socioculturelles, notamment le désir d’avoir un enfant avant le premier anniversaire du mariage, obligent souvent la jeune fille à prouver sa fécondité quelques mois après son mariage'', explique à IPS, un sociologue à Niamey,capitale du Niger.

Selon les statistiques 2011 du ministère de la Santé publique, les adolescentes constituent 19 % des femmes en âge de procréer et contribuent pour 14 % à la fécondité totale des femmes dans ce pays.
Le rapport 2011 sur la ''Situation des enfants dans le monde'', du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), classe le Niger en tête de liste des pays à forte prévalence de mariages précoces avec un taux de 75 %. 

''La situation des adolescentes constitue une préoccupation majeure, mais hélas, ignorée par une frange importante de la population'', a déclaré le ministre nigérienne en charge de la Population, à l’occasion de la Journée mondiale de la population 2013 célébrée le 11 juillet. 
''Les parents qui donnent leurs jeunes filles en mariage brandissent l’argument religieux'', raconte un conseiller pédagogique au ministère de l’Education nationale. 

Selon le ministère de l’Education nationale, 75% des adolescentes de la tranche d’âge de 15-19 ans ne sont pas scolarisées, dont 82 % vivent en milieu rural.
Pour El Hadji S Moussa, un sexagénaire employé de banque à la retraite  ''c’est une grande fierté de donner sa fille en mariage dès son jeune âge. Ainsi, elle sera à l’abri de grossesses hors mariage.
 "Chez nous musulmans, le mariage occupe une place importante dans notre existence'', explique une ménagère. Elle déclare avoir donné ses deux filles en mariage à l’âge de 15 et 16 ans. Elle soutient ''qu’il n’est pas admissible qu’un musulman laisse sa fille pubère sans mari''. 

Cependant, tous les musulmans ne partagent pas cette idée. ''Il y a une mauvaise interprétation religieuse. L’islam prône le bien-être social. C’est pourquoi je suis contre le fait de donner une fille prématurément en mariage car cela entraîne des conséquences fâcheuses sur sa santé'', explique M.Issa Dogo, un marabout prédicateur.
''Ceux qui donnent précocement leurs filles en mariage le font par ignorance. L'islam est une religion qui est contre l’obscurantisme'', a-t-il ajouté.
 
Selon Abdou Sani, doctorant en anthropologie à l’Université d’Abidjan, la religion est un faux prétexte que les gens utilisent. Les vraies causes de ces mariages précoces sont l’ignorance est la pauvreté, dit-il. ''Dans la plupart des cas, ces jeunes filles sont données en mariage à des personnes âgées ayant une situation financière stable ou un bon statut social'', a-t-il souligné.
''Moins de 40 % des adolescentes vont en consultations prénatales'', rapporte une sage-femme.
Selon elle, ces jeunes filles tombent enceintes avant qu’elles n’atteignent la maturité physique. C’est pourquoi elles courent deux fois plus de risque de mourir à l’accouchement que les femmes qui ont 20 ans et plus.
L’enquête de 2011 du ministère de la Santé publique indique que 13 % des décès maternels surviennent chez les adolescentes. ''Les survivantes sont souvent sujettes à des maladies comme la fistule obstétricale'', déplore une autre sage-femme à Niamey. 

Selon la même enquête, le taux de mortalité maternelle au Niger est de 554 décès pour 100.000 naissances vivantes, et figure parmi les plus élevés au monde.
En avril 2013, sur 163 femmes victimes de la fistule obstétricale recensées dans les six centres de prise en charge à travers le pays, 80 % se sont mariées avant l’âge de 18 ans, indique le ministère de la Santé.
''Il faut scolariser et maintenir les jeunes filles à l’école pour mettre fin à cette situation'', déclare Hadiza Issoufou, une enseignante, membre de l’Association nigérienne de défense des droits de l’Homme.
De son côté, le gouvernement nigérien a fait adopter une loi en 2008, qui favorise l’accès aux services de santé de la reproduction.

Mais le projet de loi fixant l’âge minimum du mariage à 18 ans, élaboré en 2012, souffre toujours de l’opposition des associations religieuses. (FIN/2013)

C'était en juillet 2012 - je vous faisais part de cette situation.
Rappelez-vous...
 

En 2013 au NIGER une femme meurt toutes les 2 heures du fait de sa grossesse

"Au Niger, une femme meurt toutes les deux heures, du fait de sa grossesse ou pendant l'accouchement, et chaque jour, six nouveaux nés perdent la vie", a indiqué mardi la ministre nigérienne en charge de la Population, Dr Kadidjatou Maikibi Dandobi, dans un message à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la Population, célébrée le 11 juillet. 

- Moins de 17 femmes sur 100 se font assister à l'accouchement par un personnel qualifié. 
- Moins d'une femme sur deux, consulte pendant la grossesse, et 
- Moins d'une femme sur quatre, se fait consulter après l'accouchement, 

a-t-elle indiqué en citant l'enquête démographique et de santé réalisée en 2006.

Selon Dr Dandobi, cette situation résulte principalement des problèmes liés à l'accès à l'information, et à l'utilisation des services de santé de la reproduction.
"La célébration de cette journée doit être, une fois de plus, pour chacun d'entre nous, l'occasion de poursuivre les efforts en faveur de l'accès aux services de santé de la reproduction au Niger pour que chaque grossesse soit suivie, chaque accouchement se passe sans danger et le potentiel de chaque enfant soit accompli", a-t-elle conseillé.
 

La commémoration de cette journée instituée depuis 1987 vise deux objectifs, à savoir informer et sensibiliser l'opinion publique nationale et internationale, sur les multiples problèmes de populations, et susciter une mobilisation sociale effective et l'adhésion des populations autour du thème central. 

La spirale infernale du mariage infantile s'emballe avec la crise alimentaire

Elle s’appelle Balki Souley. A 14 ans, elle a déjà été mariée une fois et victime d’une fausse couche.
Son corps était si frêle et fragile qu’elle n’a pas pu garder jusqu’à terme son bébé et a même failli y laisser sa vie.
Allongée sur le sol d’une maternité de l’hôpital régional de Maradi, au Niger, elle promet tout de même d’avoir un autre enfant une fois rentrée au village.
Dans une culture qui valorise la femme à sa capacité à faire beaucoup d’enfants, Balki est en proie à une immense pression familiale.
«Si une fille ne va pas à l’école, que doit-elle faire?», s’interroge la grand-mère de Balki d’une manière rhétorique. Avant de répondre: «Elle doit se marier et avoir des enfants». Cette fatalité est le lot quotidien d’une fille sur deux au Niger, rappelle le Washington Post.

Le Niger a le taux le plus élevé de mariage infantile. Pratiquement une fille sur deux se marie avant ses 15 ans. Certaines même sont mariées alors qu’elles n’ont que 7 ans.
De plus, au Niger, le nombre d’enfants par femme est estimé à 7 en moyenne.
Le Washington Post révèle que les mariages infantiles, bien qu’interdits par la loi, sont perpétrés à cause notamment de la crise alimentaire qui frappe de plein fouet le Niger.
Marier leurs jeunes filles devient alors un gagne-pain pour des milliers de familles dans le besoin en raison des dots alloués qui peuvent inclure des animaux et de l’argent.

«La crainte est que, si la crise alimentaire se poursuit, de plus en plus de parents utiliseront le mariage comme une stratégie de survie et nous verrons bientôt de plus en plus de jeunes filles mariées avant leur 15 ans», prévient Djanabou Mahonde, un employé de l’UNICEF.

Pour mettre fin à ces pratiques ancestrales, le gouvernement nigérien avait fait voter une loi interdisant le mariage avant 15 ans. Certains parents ont même été arrêtés et emprisonnés.
De leur côté, les travailleurs sociaux et les ONG sillonnent régulièrement des villages retranchées pour encourager les jeunes filles à rester à l’école.
Mais malheureusement, le mariage infantile reste une pratique ancrée dans les mœurs et la crise alimentaire n’arrange pas les choses.
«Ces mariages seront très difficiles à arrêter», a déclaré Saidu Omarou, un officier de la protection infantile. Avant d’ajouter : «désormais, les parents marient leurs filles très discrètement».

  Les femmes arme secrète contre la faim

Une nouvelle crise alimentaire sévit au Sahel. les femmes des zones rurales ont un rôle majeur à jouer.

La faim a un visage et le plus souvent, ce visage est celui d’une femme ou d’une fille. Ouedraogo Belga est un de ces visages. A 45 ans, elle est mère de quatre enfants et vit dans le village de Song Naba, au Burkina Faso.
«La vie est vraiment plus difficile cette année», se lamente Belga qui fait partie des petits agriculteurs de subsistance qui fournissent 70% de la production agricole totale du Burkina Faso.
Les réserves agricoles de Belga, tout comme celles des autres habitants de son village, étaient malheureusement épuisées dès le mois de janvier. Maintenant, elle est obligée d'acheter les vivres nécessaires à l’alimentation de sa famille sur le marché local.
Mais avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires —le prix du riz a par exemple doublé depuis l'année dernière— elle se demande comment elle pourra tenir avec sa famille, jusqu’à la prochaine récolte en octobre ou novembre.

Danger, sécheresse !

Tout comme des millions de personnes dans la région du Sahel, Belga a été touchée par la sécheresse qui dévaste une grande partie du territoire en passant par le Niger, la Mauritanie, le Mali, le Tchad, le Sénégal, la Gambie, le Burkina Faso et le Cameroun.
Les zones les plus touchées par les mauvaises pluviométries sont celles où les populations vivent exclusivement de l’agriculture et de l’élevage. Le phénomène s'est aggravé et les pluies tardives et irrégulières ont conduit à cette situation difficile que des millions de personnes doivent affronter, pour la troisième fois depuis 2005.
La fréquence récurrente des sécheresses dans la région du Sahel donne très peu de temps aux communautés pour se remettre des chocs précédents. La sécheresse de 2008-2009 avait déjà tué leur bétail et détruit leurs économies. Les mauvaises récoltes de 2012 ont, en outre, été aggravées par la hausse des prix alimentaires, les coûts élevés du carburant et les invasions de parasites.
Dans la région du Sahel, les populations souffrent de la faim et vivent dans des conditions extrêmement difficiles. D'ores et déjà, le manque de nourriture a forcé un grand nombre de familles à développer des mécanismes d’adaptation, comme réduire le nombre de repas, manger des racines ou des feuilles bouillies à l’eau, retirer les enfants de l'école ou vendre les animaux et autres biens du ménage à des prix dérisoires.

Les femmes face au défi de la faim

Les inégalités entre les sexes, de même que l'accès limité à l'éducation et au crédit, posent un certain nombre de défis pour les femmes des zones rurales. En outre, la crise économique mondiale, le changement climatique et les crises alimentaires, comme on le voit dans la corne de l'Afrique et dans la région du Sahel, ont aggravé la situation.
Cependant, les femmes sont aussi le relais le plus efficace pour prévenir et combattre la faim. Dans de nombreux pays, y compris le Burkina Faso, les femmes sont considérées comme des actifs productifs ou simplement comme une main-d’œuvre non payée; elles sont cependant les maillons importants des systèmes de production alimentaire.
En fait, les femmes rurales sont responsables de la moitié de la production alimentaire en Afrique subsaharienne, et dans la plupart des pays en développement, elles assurent entre 60 et 80% de la production de subsistance.
A ce titre, le PAM a célébré le 8 mars la Journée internationale de la femme, sous le thème de «L'autonomisation des femmes des zones rurales, finissons-en avec la faim et la pauvreté», en reconnaissance du rôle essentiel qu’elles jouent dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Les femmes contribuent à améliorer le développement agricole et rural et aident à réduire le niveau de pauvreté de leurs familles. De ce fait, elles luttent contre la pauvreté au niveau de leurs communautés.
L’organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que si les agricultrices reçoivent le soutien et les outils dont elles ont besoin, comme l'éducation, les semences, les engrais et l'accès au financement, elles peuvent augmenter de 20 à 30% les rendements sur leurs exploitations et libérer environ 100 à 150 millions de personnes du cycle de la faim.

La faim tue plus que le VIH

La faim tue, paralyse, détruit les capacités intellectuelles, réduit la scolarisation, fait baisser les salaires et ralentit la croissance économique. La faim est le risque numéro un de la santé mondiale. Chaque année, elle tue plus de personnes que le VIH, le paludisme et la tuberculose réunis.
D’autres axes de développement ne peuvent être développés sans au préalable répondre aux besoins fondamentaux humains. Avec la faim, les médicaments sont moins efficaces, les étudiants ne peuvent pas apprendre et les adultes ne sont pas aussi productifs.
Mais vaincre la faim est aussi un défi à notre portée. Pour le relever, nous devons d’abord nous attaquer à ses conséquences dévastatrices et reconnaître l'énorme potentiel que la moitié de la population représente, à savoir les femmes. Encourager la participation de la femme au développement économique et social de la communauté est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
Selon les propos de Michelle Bachelet, directrice exécutive d'ONU-Femmes:
«J'ai vu moi-même ce que les femmes, souvent dans les pires conditions, peuvent accomplir pour leurs familles et les communautés, pour peu qu’on leur donne l'opportunité d’agir. La force, l'ingéniosité et la sagesse des femmes demeurent la plus grande ressource inexploitée de l’humanité. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre encore 100 ans pour libérer ce potentiel.»

Un avenir libéré de la faim grâce aux femmes
Les femmes comme Belga ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre la faim. En tant que mères, agricultrices, enseignantes, entrepreneuses et leaders d'opinion, elles ont la solution pour bâtir un avenir libéré de la faim.
Les femmes jouent également un rôle primordial pour garantir la sécurité alimentaire des ménages. L'expérience montre que dans les mains des femmes, la nourriture est beaucoup plus susceptible d'atteindre la bouche d'un enfant qui a faim.
Soutenir les femmes des zones rurales n'est donc pas un choix. C’est la condition préalable à un monde libéré de la faim. Résoudre le problème de la faim, c’est stimuler le développement économique et social. Résoudre le problème de la faim, c’est favoriser le développement physique et mental de la génération future. Résoudre le problème de la faim, c’est construire un monde plus fort, plus prospère et plus sécuritaire.
Les femmes ont souvent été désignées comme l'arme secrète pour lutter contre la faim. Profitons de cette Journée internationale de la femme pour faire en sorte que ces efforts ne soient pas gardés comme un secret.
Renforçons le rôle des femmes. Impliquons-les, faisons d’elles les principales actrices de la lutte contre la faim et la pauvreté.



Les jardins maraîchers sont la clé de l'autonomie des femmes au Niger


Quatre silhouettes soignent attentivement ​​leur travail dans un coin du grand potager près du village de Dioga dans l'ouest du Niger. Des mois après avoir rapporté -- et mangé -- la récolte principale du village, le vert qui pousse dans le jardin est un soulagement bienvenu dans cette partie du pays où la faim ne semble jamais loin.
Le jardin de trois hectares est géré par les femmes de ce village et les femmes environnantes dans le district rural de Torodi.
Laitue, tomates, choux, oignons et poivrons, aubergines, gombo et courge -- Aminata a peut-être 60 ans, mais elle montre peu de signes de ralentissement, alors qu'elle coche la liste des légumes qui pousse ici. Sans oublier les mangues, les goyaves, les citrons et les oranges.


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire