L’IMAGE DE LA FEMME TOUAREGUE - Suivie de la PAUVRETE négatif de la femme

Pauvreté et Sacrifice !

La femme se plie tous les jours aux exigences d’un travail éreintant,  elle est le pilier de l’avenir, la survie des enfants et des vieux, mais son sort ! Qui s’en soucie de nos jours ?

SON SORT ?






C’est une exposition permanente de la misère.
 
C’est la vitrine du néant.   
C'est l'arc en ciel du rien.












Seule - Elle fait face à une vie déchirée, incohérente, toujours plus pénible. Cette femme étouffe sa fierté par nécessité, trop isolée et abandonnée. 

Seule - Elle fait face au dénuement, au découragement, à la maladie, à la mort, à la tristesse, à l'incertitude, à l'angoisse, aux agressions provenant de l’extérieure et aux viols. 

Seule - Elle va payer lourdement sa solitude au sein de son clan. 

Des heures et des heures de corvées ! Femmes, jeunes filles parfois fillettes passent beaucoup de temps à aller chercher de l’eau et à ramasser du bois. Travail épuisant, éreintant, brisant le dos de ces femmes et de ces enfants qui n’ont pas fini de se développer. (voir article précédent : LA PAUVRETÉ EST LE NÉGATIF DE LA FEMME 

Leur squelette dès l’enfance présente déjà des malformations……….

Et les hommes que font-ils ?  Ils ne se sentent pas concernés par ces besognes. Trop humiliant.




© L’OMS estime que la corvée d’eau peut consommer jusqu’au tiers de l’apport énergétique journalier de ces femmes. Les femmes contribuent à hauteur de 46 % au total des heures humaines consacrées aux activités pastorales et domestiques. Dans les familles pauvres, on peut consacrer jusqu’à dix heures par jour pour trouver du bois, chercher de l’eau et préparer la nourriture. Même les femmes enceintes ont des journées de quinze heures.


exemple d'une eau polluée
De plus, la femme, la fillette et les enfants en général sont exposés régulièrement à cette eau souillée et polluée.
La qualité de l’eau boueuse est impropre à la consommation humaine. 


L'eau stagnante des puits, devient un foyer favorable au développement de parasites, vecteurs de nombreuses maladies. Enfin, cette eau contient très peu d’oxygène et beaucoup plus de C02  propice au développement de  certaines algues et micro-organismes.
 

La situation est désapprouvée par les femmes qui puisent beaucoup de déchets..
Porteuse d’eau, la femme fait la cuisine, la vaisselle, la lessive, la toilette, avec une eau de qualité douteuse, surtout dans les zones particulièrement déshéritées. 




© Aujourd’hui, 1,5 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,6 milliards de personnes n’ont pas accès à l’assainissement. Près de 34 000 personnes meurent chaque jour du manque d’eau potable et la pollution, des fleuves et des nappes phréatiques ne cesse de s’aggraver dans le monde. En 2025, plus d’un tiers de l’humanité n’aura pas accès à l’eau potable et de nombreux conflits risquent d’éclater pour la maîtrise de l’eau.

 
L’augmentation inhabituelle de fausses couches et d’enfants mort-nés est en augmentation !


Quelles sont les origines de ces nouvelles pathologies chez la femme enceinte ?

Le poids du récipient (50 kg) qu’il faut remonter du fond du puits (48 m de profondeur) toute la journée.

Comment faisaient-elles auparavant ? 


Les conditions de vie sont totalement bouleversées (voir article précédent).
  • Les puits s’assèchent, les hommes sont absents, les perturbations et modifications climatiques actuelles déséquilibrent leur territoire.
  • Il faut aller chercher de l’eau de plus en plus profond et sur-creuser les puits qui présentent de nombreux risques (éboulements, manque d’oxygène pour ceux qui travaillent en profondeur etc…)
  • La charge des bidons ou des outres à attacher sur les bêtes.
  • La pollution des abords de puits, il n’y a pas toujours de margelle. 
  • L’usage de pesticides dans les zones maraîchères,
  • La baisse du niveau d’eau des puits qui entraîne une stagnation de l’eau.  
Cette eau trop sollicitée par les motopompes (en usage dans les jardins) n’est pas renouvelée par la nappe phréatique. Les nappes sont toutes des nappes pérennes. 
D'autre part, la pluviométrie est faible et ne permet plus d’alimenter les puisards.
Tous ces éléments  air, eau, sol, véhiculent des matières minérales, animales, chimiques et toxiques, qui entraînent des dommages irréversibles sur la santé. 



Ces mêmes éléments sont découverts dans le lait maternel.    
A la corvée d’eau et de bois (article déjà développé) s’ajoute la corvée de la cuisine. 

Les foyers traditionnels : la marmite posée sur 3 pierres, sont inefficaces et dangereux. 

Ils enfument le logis, ce qui à la longue peut avoir des effets néfastes sur la femme qui travaille au-dessus, sans compter les nombreux accidents dus au feu chez les enfants. 

C’est toujours la femme qui assume ces corvées, qui se livre aux travaux ménagers, qui s’occupe des personnes âgées, des malades et des enfants. 


Cette surcharge l’oblige à mettre en place des méthodes de partage de travail, notamment par le biais du travail des fillettes, qui fatiguent plus que les garçons du même âge, aussi bien à la maison que dans la brousse.
 

L’activité de ces femmes au foyer n’est jamais appréciée à sa  juste valeur. Toutes ses tâches  sont qualifiées d’inefficaces, d'imperceptibles.

Et quand la nourriture se fait rare ? pendant les périodes de sécheresse
Les hommes qui s’expatriaient (commerce Algérie-Lybie) dans l’espoir d’y trouver la réussite recherchée ou le paradis sur terre, ne reviennent pas ou rarement avec en poche 6 500 FCfa soit 9,90 €. Ce qu’ils pensaient découvrir s'est transformé en un véritable tourment, et sans argent le retour était difficilement envisageable. Ils laissaient sur place femmes, enfants, parents âgés et malades sans aucune ressource.
Les femmes (mariées à ces hommes partis gagner l’argent de la famille)  et leurs enfants ne doivent souvent leur survie qu’à la reconnaissance et solidarité du clan (voisines, amies, famille élargie). 

Pour elles tout affaiblissement du groupe est dramatique. 


Cette femme n'a rien mangé depuis plusieurs jours. Elle cache sa fringale devant cette assiette de riz.  La honte l'oblige à se cacher !



















Qu’en est-il du sort de la femme ?
Dans notre zone de travail et campements environnants quelques femmes subsistent pauvrement en ramassant des fruits, des racines, des feuilles de certains arbres et des plantes médicinales.
Ces femmes voient peu à peu disparaître ce droit de ramassage  par le garde forestier qui n’hésite pas à empêcher le pâturage des petits animaux. Il use de son statut pour demander des cadeaux ou des petites libéralités…….pour effrayer et tourmenter les femmes qui utilisent les richesses forestières (feuillages, graminées, fruits) qui ne sont légalement pas interdites.

 

Et quand le gros bois vient à manquer ? 

Du fait d’une exploitation abusive et d’une surconsommation dans les villes, alors les femmes ramassent des branches, des brindilles. 

Et quand il se fait rare ? 


Les femmes ont  recours aux déjections séchées des ânes, de chameaux et même des feuilles mortes. Le bois, résidus animaliers …peut représenter jusqu’à 80 % du carburant à usage ménager, pour cuire les repas ou pour se chauffer en période hivernale.
Sous l’effet de la déforestation les femmes de brousse parcourent de longues distances pour ramasser du bois, il leur reste très peu de temps pour s’occuper de la maison.

 

Piégées dans ce cercle vicieux, elles sont fermement aspirées par la pauvreté.

Que va t-il arriver un jour au bord de la piste ? 


Écrasées par ces misères, accablées par toutes ces difficultés qu’elles ne peuvent plus affronter, résignées, elles prendront la route en quête d’une modeste aide. Épuisées elles resteront sur la piste, le regard vide de toute expression, parce qu’elles n’attendront plus rien !
La mort fait parti du quotidien, leur sol est devenu un désert sans ressources, elles errent à la recherche d'un maigre soutien qui ne leur donne pas de quoi survivre, ahuries, anéanties elles regardent ce sol qui ne leur parle plus.
Brisées par leur détresse, elles restent assises des heures attendant que la mort les prenne en chemin.
Elles ne se lamentent pas, elles attendent tout simplement une main tendue.
 




 

On retrouvera ce petit corps famélique, couché sans vie, le visage tourné vers la dernière espérance……..et cette femme m'attendait !

 


Que reste t-il ? 

La survie grâce à l'aide alimentaire que l’on voudra bien leur donner. Le recours à la mendicité, la prostitution ou la mort.
Si la dégradation du tissu social n'est pas maîtrisée, la disparition de cette culture est inéluctable. Tout démontre que cette culture se meurt à défaut d’une relève. Les vieilles ne transmettent plus leur savoir et les jeunes femmes n’ont pas le temps d’écouter. « Et la mémoire se perd. Tout va vite et fait peur »,
 

Les jeunes filles, une fois dans le faste que leur miroite le progrès, vont-elles conserver les bribes de leur identité ? Elles ne vont plus savoir lire les textes tifinaghs inscrits sur les rochers ou gravés sur les troncs d'arbres. souligne  I M Diallo.
 

La seule manière d’aider ces femmes à rester dignes, est de leur accorder un minimum de confiance, de privilèges au sein des clans, de les inclure dans des programmes d’alphabétisation, de développement et de leur donner une liberté de décisions.

Qu’elles puissent exister.


Là où nos actions se situent, un changement de comportement des femmes s’est fait lentement,  suite aux informations données  au Centre d’Alphabétisation, sur les programmes tels que l’hygiène, l’assainissement, l’eau, la santé, l’éducation, l’alimentation, les Droits de l’Homme, etc.….
Nous avons organisé des réunions traitant  des problèmes communautaires, environnementaux, et de la femme en général, afin d’apporter des solutions et des améliorations.
La  discussion a permis à chacune de s’exprimer, de manière à trouver des issues positives et constructives aux différents problèmes. Suite à ces séances de sensibilisation, les femmes ont réussi à mobiliser les autres clans.


En conclusion


1 -
La conservation mieux adaptée de l’eau nous a permis d’enregistrer une nette diminution des maladies hydriques.
2 - L’amélioration de l’habitat a entrainé une diminution importante d’accidents dus au feu et à l’eau bouillante.
3 - L’insalubrité voit un début de solution par l’instauration de séances mensuelles de balayage dans le campement.
4 - De même, des pistes de desserte ont été aménagées pour améliorer le passage de la charrette transportant les bidons d’eau et alimentant les habitations.

 

Il reste tant à faire.

Nous ne serions pas parvenus à ces réalisations sans le concours et la participation de toutes et de tous. 

Aujourd’hui, ces femmes 

gérantes de moulin à grains, décortiqueuse, banque céréalière, boutique pastorale, atelier de couture, ont su prendre leur autonomie, grâce aux différentes  activités proposées et  regroupées en coopérative.
 
© Dans la religion musulmane, la femme ne doit rien faire……….. 

C’est l’homme qui doit travailler et amener les ressources. 

Dans la réalité, il en est tout autre. 

Avec l’installation grandissante de la pauvreté, c’est la femme et la jeune fille qui sauvent le foyer. Les petits travaux qu’elles font (petit commerce, microcrédits, couture, artisanat) métiers générateurs de revenus c’est cela qui nourrit la famille. 
La femme joue un rôle économique central, plus important que celui de l’homme, mais tous ses efforts fournis ne sont pas statistiquement valorisés.

Ce n’est pas reconnu et c’est cela la question essentielle.
 



                            LA PAUVRETÉ EST LE NÉGATIF DE LA FEMME


Quand l’environnement se dégrade, le sort des femmes s’aggrave.
Quand on prépare les plans nationaux, à quoi doit-on penser le plus, le mahatma Gandhi a répondu  ʺAyez à l’esprit le dernier des hommes" Et Le dernier des hommes est souvent une femme.

La femme de brousse miséreuse subit de plein fouet les effets nocifs de la dégradation de l’environnement. Dès l’aube elle sait que sa journée sera faite d’une longue marche à la recherche de petits bois, de fourrage pour les bêtes et d’eau. Vieille femme, femme enceinte, jeunes filles, fillettes : tout ce petit monde déambule dans la brousse faisant des kilomètres pour répondre aux besoins essentiels : SURVIVRE
L’environnement se détériore de plus en plus, chaque jour la longue marche s’allonge, l’épuisement est intolérable et le temps pour s’occuper de la maison est de plus en plus limité. Les filles sont les premières à subir ces conséquences, elles quittent l’école pour aider la mère.

La femme souffre de cette dégradation qui entraîne des séquelles irréversibles sur sa santé par manque d’aliments appropriés à son travail.
La malnutrition est omniprésente. La femme voit son patrimoine s’appauvrir, le bétail efflanqué qui sera vendu sur le marché à moitié prix. Il ne fournira plus de lait, pour nourrir les enfants, ou pour la fabrication des fromages. 

Absorbées par cette évolution malsaine, la femme est plongée dans la pauvreté.

© Au Niger il existe une forte migration. Les populations tribales et nomades ont été très affectées par la déforestation et la disparition des pâturages traditionnels. Nombreux sont ceux qui, n’ayant plus de terre à leur disposition, partent à la recherche de n’importe quel travail pour survivre.


Qu’advient-il aux femmes qui restent derrière ?
Chez les travailleurs migrants, le divorce est fréquent, les épouses sont délaissées. Les ressources d’une femme qui assume seule les responsabilités du ménage sont généralement plus faibles lorsque l’homme est là : on observe cela partout dans le monde. Sur le milliard et demi de gens qui vivent dans une grande pauvreté, 70 % sont des femmes. Dans 25 % des familles pauvres, la femme est la seule ou la principale source de revenus. La femme est la seule pourvoyeuse de revenus dans la famille…..


Le bois, petite source de revenus chez les pauvres  !
© Bolivia Inti / Chaque jour sur notre planète, presque 3 milliards d’humains, parmi les plus pauvres, utilisent comme combustible le bois pour cuire les aliments indispensables à leur alimentation. Souvent situées au sud dans des régions du monde riches en soleil, ces populations démunies vivent déjà en situation de famine énergétique….. 



Le bois joue des rôles multiples :

Combustible : jusqu’à 80% du bois coupé dans les pays en développement est source d’énergie, ce qui est un problème dans les zones arides,   


Matériau de construction, source alimentaire ou pharmaceutique, fixateur de carbone et protecteur des sols, régulateur du cycle de l’eau, conservateur de la biodiversité, espace de détente...



L’arbre occupe une grande place dans les cultures et religions du monde.
Pour les populations animistes, l’arbre est un être capable de bien et de mal qui assure un lien entre l’individu et ses ancêtres.
L’arbre fait partie du règne des êtres inanimés et non pas dans celui des vivants, mais on considère qu’il peut être habité par des esprits ou des génies, d’où la prudence et le respect à son égard. 
 Le problème de la dégradation de l’environnement n’est pas un problème futuriste. 

 


C’est l’une des causes fondamentales de la crise à laquelle nous devons faire face... Aujourd’hui.

Chaque jour, des centaines de kilomètres carrés deviennent désert, et si nous n’inversons pas cette situation, tout le continent deviendra un immense désert. Nous ne pouvons pas mettre en sommeil ce problème pour un jour et, encore moins, pour un an, pendant que nous essayons de résoudre le problème de la dette, les problèmes budgétaires et les problèmes de devises.






Demander à une population de protéger son environnement pour telle ou telle raison, cela reste abstrait.
- Si elle  ne peut survivre, l’environnement ne représente rien pour elle.
- Si elle meurt parce qu’elle n’a rien à manger, la protection de l’environnement n’est pas de son ressort, elle est du ressort de quelqu’un d’autre.


Environnement et Pauvreté.
Mettre en place des programmes de réhabilitation de l’environnement qui donnent du travail aux plus pauvres. C’est combattre la pauvreté ? Ainsi que l'a souligné un auteur,ʺl'utilitarisme est le propre des robinsonnades... où le naufragé reste insensible aux beautés de son îleʺ.
 
© Les populations d'Afrique vivent dans un tel état de pauvreté que toute source de revenu leur semble opportune indépendamment des conséquences que son exploitation pourrait causer à long terme. 

 
Dans un tel contexte, le respect de l'environnement ne constitue pas un souci majeur, et toute tentative de conscientisation par les ONG, a peu de chance d'être suivie.
Ainsi que l'a souligné le professeur KAMTO, « la lutte pour la survie et la course au mieux-être ne s'embarrassent pas des exigences normatives ». 
Il a en outre pu être démontré qu'envisager une protection sans le bien-être social est « une ambition utopique vouée à l'échec »…

Un tel état de fait, néfaste pour le développement durable, ne peut contribuer qu'à aggraver le sort des populations. On assiste à une sorte de cercle vicieux de la pauvreté dont le schéma est fort simple : pour survivre, les individus confrontés à la pauvreté sont obligés de puiser dans les ressources environnementales, au risque de les épuiser, et cette dégradation de l'environnement ne fait qu'accroître leur pauvreté. Le grand drame est, que cette dégradation frappe toujours cruellement ceux qui vivent dans la pauvreté, c'est-à-dire les personnes les moins aptes à y faire face. 


Activité répréhensible ou activité règlementaire ?
Le bois de feu tient une grande place dans le système énergétique de l’Afrique.

Et que penser de  l’activité des femmes, vieilles, enceintes, et des fillettes qui ramassent le bois sec et le portent lourdement (30 à 35 kilos sur leur dos) durant des heures ?

 




Le bois d’œuvre ou d’artisanat fait vivre la population : fabrication d'écuelles, de cuillères, de mortiers, de manches d'outils, d'instruments de musique, de sculptures, d'arcs, de flèches, et des bols, etc. Un certain nombre d'espèces peuvent fournir du bois de perche, largement utilisé dans la construction.  

  
 


Certaines écorces d’acacias fournissent du tanin qui sert au tannage du cuir.
On trouve des quantités appréciables de tanin dans le feuillage des arbres, ce tanin adhère étroitement aux parois et aux protéines de la cellule et semble jouer un rôle dans la baisse de digestibilité. D’autres peuvent être à l'origine de diverses toxicités.


                                                 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Porteuses de Bois


ʺ 05 heures ce matin, une silhouette délicate drapée dans un tissu rapiécé, suivie de son chien, sautille dans le khori pour me rejoindre et me salue. Sa rencontre va me permettre de l’accompagner en brousse dans son déplacement de porteuse de bois. Il y a combien d’années qu’elle fait ce travail.
Elle est si jeune. En partant rejoindre les femmes, je me rappelle les mises en garde qui m’ont été faites par la matriarche : il y aurait ici des bandits, des bêtes sauvages, des trafiquants. Pour le moment la brousse est tranquille. Il y a les porteuses de bois et moi. Les bêtes et les chiens. Marchant derrière cette petite jeune fille, je me demande pourquoi ces femmes acceptent de faire ces tâches si blessantes pour le corps ? 

                                                  
 Les femmes commencent  leur journée à 05 h du matin. 
Elles préparent le repas pour la famille : enfants et vieillards. Ensuite elles vont traire les chèvres, rejoindre les autres femmes et partir dans la brousse avec leur longue perche qui leur permet d’attraper les branches mortes accrochées au faîte de l’arbre, suivies des troupeaux de chèvres et moutons. Les chiens gambadent, font des courses poursuites, se détendent les pattes avant de partir. Tout est prêt, les bêtes impatientes avancent doucement, les femmes lancent des cris pour aligner les boucs et moutons. 

Le troupeau composé de femelles reste à l’arrière. La marche lente et silencieuse en début de matin, me permet d’observer chaque visage. La fatigue de la nuit, l’inquiétude de laisser les enfants, la maison sans surveillance, relâchent les traits. Le ramassage de quelques brindilles commence. La femme les dépose dans son sac de peau de chèvre, qui contient quelques dates et un peu d’eau mélangée à du mil concassé. Toutes savent que le chemin sera long, que le poids dès le matin va les gêner dans leur marche. 

De plus, toutes connaissent les endroits qui leur offriront quelques gouttes d’eau, des fruits, des racines qui apaiseront la soif et la faim. Les chiens qui servent de gardien viennent de nous abandonner aux premiers rayons de soleil agressifs. Le soleil poursuit sa course dans le ciel délavé et la chaleur monte. Se mêlent odeurs de femmes, de bêtes, de sable, et de senteurs épicées. 
Ces effluves me parviennent et j’essaie d’y poser un nom.                                                      
 

                                                                                                                                                                                                                                            


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