ALPHABETISATION Suivie de LA PLUS ANCIENNE ECRITURE


LE TAUX D'ANALPHABÉTISME

Est la proportion de personnes incapables de lire ou d'écrire, dans une population donnée.
Ce taux exprimé en pourcentage, est le nombre estimé d’analphabètes âgés de 15 ans et plus. 

Il est lié
  • Au sous-développement. Il atteint 50% en Afrique subsaharienne.
  • A la croissance démographique élevée. La scolarisation dans les zones pauvres est difficile. 
  • Au sexe.  Les filles sont particulièrement touchées, elles se marient très jeunes.

L’illettrisme  
L’apprentissage de la lecture et de l’écriture a été acquis, mais la maîtrise n’est pas assimilée.

L’alphabétisation
Conduit l’analphabète à acquérir les bases de la lecture, de l’écriture, et du calcul.

Pour l’Organisation Mondiale du Développement (OMD) il faut Étendre l'éducation des filles et des femmes
 
© L'écart entre les sexes dans l'éducation a fait qu'il y a près de deux fois plus de femmes que d'hommes analphabètes.

Dans les régions les plus pauvres, plus de filles que de garçons ne fréquentent pas l'école et l'écart s'élargit au niveau secondaire - alors même que l'éducation secondaire et supérieure des filles contribue plus particulièrement à réduire la pauvreté.
Plus le niveau d'éducation féminine est élevé, plus les gains potentiels des femmes augmentent, plus la mortalité maternelle et infantile diminue et meilleure est la santé en matière de procréation. 
Parallèlement, les taux de VIH baissent. Les filles instruites ont une meilleure chance de retarder l'âge du mariage et de la procréation et acquièrent des savoir-faire de nature à améliorer leurs perspectives économiques propres et celles de leurs familles.

Les avantages multiples de l'éducation des filles débouchent aussi sur une amélioration de la santé et de l'éducation de la génération future……
On est obligé de constater actuellement que la situation persiste et devient alarmante.

L'ANALPHABÉTISME présente un visage féminin, cela représente 2/3 des populations avec de grandes différences au niveau des zones régionales.

L'ALPHABÉTISATION ne doit pas être considérée comme un simple apprentissage des méthodes de lecture, d’écriture et de calcul écrit, mais plutôt comme un processus intégral de formation qui permet à une personne engagée dans la vie active, d’utiliser réellement ces procédés dans la gestion quotidienne de sa vie.

C’est un défi majeur à relever.

En Afrique, "La Journée internationale de l’alphabétisation" célébrée chaque année en septembre, offre une tribune de plaidoyer et une stratégie d’interpellation de la conscience collective des états à redoubler d’efforts pour l’atteinte des objectifs de l’éducation pour tous et ceux du millénaire pour le développement.
L’UNESCO et Institution spécialisée de l’Union Africaine, demandent aux Chefs d’Etats africains de se doter d’un instrument capable de fédérer les initiatives locales en matière d’éducation et de formation des filles, dont l’objectif général est de ʺcontribuer à la promotion de l’éducation et la formation des filles et des femmes en vue de participer à l’élimination de la pauvreté, à l’avènement d’un monde de paix pour un développement humain durableʺ

En Afrique Subsaharienne le taux global d’alphabétisation est inférieur à 40%.
L’objectif majeur est de faire de la femme africaine, l’auteur et l’actrice de son propre développement et de celui de son continent.


Évolution chez les Touaregs : L’école  : voir sur le site http://www.tadrewt-niger.org/   NOS PROJETS


Les Touaregs commencent à comprendre que sans les bases élémentaires de l’alphabétisation, ils n’ont aucun débouché et l’avenir de leurs enfants est compromis. Ils constatent aujourd’hui que l’école permet d’avoir de bonnes bases pour trouver du travail. Ils se sédentarisent.

Le nombre d'inscriptions dans les établissements scolaires étaient en augmentation, freinaient par la suite  par les rébellions, déstabilisation du gouvernement, répercussions des problèmes en Libye et au Tchad. Les enfants de pasteurs nomades restent en dehors du système éducatif.


De nombreuses ONG s'étaient engagées pour aider les enfants défavorisés à suivre une scolarisation complète. De 2007 à nos jours, ne restent que les actions sur papier.
Il y a des populations qui sont parmi les plus vulnérables, leur taux d’analphabétisme est très élevé et nous portons une attention toute particulière à celles-ci.
L’environnement peu favorable aux déplacements, l’isolement des clans font obstacle à une scolarisation régulière.  

Les femmes sollicitent des cours d’alphabétisation pour elles-mêmes et leurs enfants.
Ayant pris conscience de l’affaiblissement culturel et social de la tribu, elles essaient de s'en sortir par de nouvelles méthodes d'approche pour leur développement. 


Avant la rébellion, je donnais des cours, chaque jour je voyais une nouvelle tête. Femme, fille ou enfant exprimait ce besoin d’apprendre. J'ai formé une animatrice pour les cours pratiques afin de me permettre à certaines  femmes de suivre les cours de couture.

Alphabétisation des femmes
 
Aujourd’hui encore, l’alphabétisation est un droit qui est refusé à près d’un cinquième de la population adulte du monde. Près des deux tiers des analphabètes (64 %) sont des femmes.
A l’échelle mondiale, 88 femmes adultes pour 100 hommes adultes sont considérées comme analphabètes. 
La communauté internationale s’est engagée lors du Forum mondial sur  l’éducation pour tous à améliorer de 50 % les niveaux d’alphabétisation des adultes, et notamment des femmes, d’ici à 2015 et à assurer à tous les adultes un accès équitable aux programmes d’éducation de base et d’éducation permanente.

L'ALPHABÉTISATION est d’une importance cruciale pour l’acquisition, par enfant, jeune et adulte. Des qualifications de base leur permettent de faire face aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer dans la vie qui représente une étape essentielle de l’éducation de base, et c’est un moyen indispensable de participation effective à l’économie et à la vie de la société du XXIème siècle, comme l’a souligné l’Assemblée générale des Nations Unies sur la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation » (2003-2012)  


Sur le sable on s’exerce maladroitement à l’écriture

Il est indispensable et urgent de créer des environnements et des sociétés alphabétisées pour parvenir à éliminer la pauvreté, à réduire la mortalité infantile, à freiner l’expansion démographique, à instaurer l’égalité entre les sexes et à assurer durablement le développement, la paix et la démocratie.
 


L’alphabétisation des femmes doit leur permettre de s’affirmer en tant qu’être humain mais aussi de s’émanciper dans des cultures ou l’inégalité entre les sexes est omniprésente. Des barrières culturelles, sociales et économiques les empêchent souvent d’accéder à l’éducation et donc à l’alphabétisation.


 L'ALPHABÉTISATION DES FEMMES POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE 

L’alphabétisation des femmes pour une participation accrue dans la vie économique, sociale et politique.
L’alphabétisation des femmes pour favoriser l’éducation des enfants, en particulier des filles.

SENSIBILISER les gens afin de leur faire comprendre l’importance de l’alphabétisation des femmes en créant :

UN ESPACE DE RÉFLEXION, D’EXPRESSION orale, de rencontre, d’écriture, d’éducation populaire, et d’échanges d’expériences.
Cet espace doit donner l’ENVIE DE COMPÉTITION entre apprenants pour qu’ils puissent extraire de cette expérience une confiance retrouvée, une valorisation, une indépendance et une ouverture sociale.
Cet espace va permettre d’ENRICHIR LA VIE COMMUNAUTAIRE aux niveaux local et régional, va devenir un espace de liberté, laissant plus de place à l’improvisation, au développement.
Et la présence des différents clans va être le support d’ECHANGES riches et satisfaisants.

Laissons-les décider de l'orientation à donner à leur vie,
Donnons-leur une liberté d'initiative et une autonomie.                  
Il est établi qu’aucun développement, aucun progrès ne peut être réalisé sans éducation.

Un nouvel élan d'espoir voit le jour et encore une fois, ce sont les femmes qui en sont porteuses. Comme par le passé, elles puiseront dans leur courage l'énergie nécessaire pour sauver leur peuple en péril.
  
 FEMME TOUARÈGUE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Notre objectif est de bien situer son rôle dans la chaîne du développement durable.
Les femmes jouent à présent un rôle fondamental dans les domaines tels que : la scolarisation, l'alphabétisation, l'alimentation, l'hygiène et l'assainissement, la protection des ressources naturelles, la sensibilisation sur les MST et le Sida en particulier. Ces activités pédagogiques et formatrices se déroulent dans des cadres structurés et organisés par notre association qui favorise le développement.

LE RÔLE DE LA MATRIARCHE

femme éducatrice d'antan se transforme et s’affermit à ce jour. Elle encourage les enfants et les jeunes filles à la scolarisation.
La femme touarègue s'adapte à toutes les situations, et elle inscrit aussitôt ses faits et comportements dans la pérennité.

Consciente de la précarité des conditions de vie, Elle opte pour des actions de développement dans tous les domaines de la vie.

La continuité du programme de développement suppose :
  • Respect de la culture locale,
  • Protection et mise en valeur de leurs ressources naturelles et de leur patrimoine culturel, et
  • Impartialité entre tous.

"Aujourd’hui, on ne peut pas toujours attendre son mari qui s’en va, sans être assuré qu’il va revenir"  C’est pour cette raison que la femme réagit et réfléchit pour réussir à nourrir ses enfants et à se tirer d’affaire elle-même.  
Les femmes ne semblent pas toujours être conscientes de l’importance des tâches qu’elles accomplissent. Pourtant les nouveaux travaux qui leur sont confiés leur donnent néanmoins un sentiment de fierté, de responsabilité et de confiance en leurs propres capacités. À travers ces collaborations, elles deviennent conscientes de leur propre valeur et de leur indépendance.


Les femmes se réunissent pour discuter de la survie des enfants et des vieux à leur charge. Mais jamais pour essayer d’améliorer leurs conditions de vie, ni pour chercher à satisfaire leurs propres besoins. 

Dans mon coin de nulle part,  après que nous ayons obtenu l'agrément pour une coopérative des femmes, celles-ci ont crée des groupes au niveau de la coopérative. Cela leur permet de poursuivre les actions mises en place par nous qui sommes leur principal Partenaire

Cette Coopérative a pour Objectifs :

AMÉLIORER les conditions de vie des ses membres.
DÉVELOPPER les activités économiques.
LUTTER contre la pauvreté.
RECHERCHER des financements auprès des partenaires internationaux, pour d’éventuels appuis techniques et financiers ou dans le cadre d’appuis conseils.
FORMER et
SENSIBILISER les membres dans l’optique d’un développement durable.
 
Il faut les aider pour que cette prise de conscience de leur rôle, demeure et, attribuer aux femmes des tâches axées sur la réalisation d’objectifs adéquats et très précis.

Elles ont besoin de connaissances, elles ont besoin d’apprendre, d’échanger des idées, de pouvoir se rencontrer, et de s’organiser. Les mères doivent avoir suffisamment de temps pour accomplir leurs tâches, de manière à pouvoir envoyer leurs filles à l’école et aussi leur transmettre leur savoir traditionnel. Elles ont aussi besoin d’un temps de récupération - des moments de repos pendant le travail quotidien et lors de l’accouchement, ainsi que des intervalles suffisamment longs entre les naissances. Elles ont le droit d’avoir une famille, mais tout autant le droit d’en déterminer la taille.
La division du travail traditionnelle, fondée sur le sexe, perd son dogme, les femmes dirigent de plus en plus d’unités productives et familiales.

Les hommes n’apprécient pas cet état esprit d’initiative et de responsabilité des femmes et restent méfiants.
D’où multiplication des discussions et des conflits entre les deux sexes.
  
Étant donné qu’un revenu, même très modeste, constitue une condition essentielle de survie, il est impératif que les femmes puissent avoir un gain.
 
La dernière rébellion a éveillé et libéré en elles des énergies créatives et elles puisent aux sources des générations précédentes pour animer le souvenir d’une vie étroitement liée à l’espace naturel.
De nouvelles perspectives se sont offertes et leur ont permis d’acquérir une plus grande confiance en leurs capacités et en leur autorité.
 
Nombreuses sont celles
  • Qui aujourd’hui s’organisent pour revendiquer leurs droits et le droit de l’humanité à la protection de l’environnement.
  • Qui sont prêtes à participer à la réalisation de ces espoirs.

 NOTRE AIDE 



A permis à la femme touarègue de reconstituer son capital bétail et en plus dans le domaine économique, de s'investir dans des actions valorisant les ressources locales et artisanales génératrices de revenus et de nouveaux liens. 

Il faut dire qu’au travers des écarts constatés entre les hommes et les femmes dans le secteur de l’éducation et de l’alphabétisation, il est nécessaire de faire le point sur la mise en œuvre des politiques et programmes en la matière.

Il faut s’engager auprès des femmes pour les aider à lutter contre l’injustice et les discriminations qui leur sont faites.

 

       
 Plus jamais mon regard se fixera sur ce travail épuisant, d'un autre temps.



LE REFLET DES BEAUTÉS AU FOND DES CASSEROLES

Point de vue occidental par Michel Batlle

Et je m'adresse en particulier aux hommes afin qu'ils réfléchissent un peu au problème pour lequel ils sont certainement en cause.
Je croyais que l'attitude machiste de l'homme était localisée dans l'Afrique du Nord et au Moyen-Orient, il n'en est rien car si la femme nigérienne bénéficie d'une certaine liberté, elle plonge son regard au fond des casseroles! (bien que dans certains pays on emprisonne les femmes derrière des voiles, ici, elles ont tout de même le recours du divorce……)
Femmes, femmes, oh femmes
qui avez de l'énergie à revendre et un riche savoir-faire transmis de mère en fille, changez de stratégie, pensez à vous!                                         Prenez le pouvoir !...



La plus ancienne écriture de l'Afrique du Nord, le libyque a plus de 3000 ans d'âge
Par Malika HACHID
http://www.tifinagh.freeservers.com/custom.html




Le terme "tifinagh" est le pluriel de tafinek (dans le système phonologique du berbère, gh et q sont les allophones d'un même phonème). Il pouvait signifier "les phéniciennes ou les puniques" (Punica): c'est sur cette base étymologique que l'on a admis que l'alphabet libyque s'était inspiré en partie ou en totalité du système d'écriture punique, d'autant que, on le sait, six de ses lettres ont une forme tout à fait similaire à ce dernier. Cet argument étymologique pour prouver l'origine punique du libyque est loin d'être convaincant et a très bien été réfuté par Gabriel Camps qui rappelle que "[...] les chiffres arabes sont persans et les figues de Barbarie, américaines"!

La question de l'origine du libyque se présente sous trois aspects

Cette écriture est soit un emprunt à l'alphabet Phénicien, soit une invention locale, ou encore un emprunt à un prototype fort ancien que l'on ne connaît pas encore. Qu'il y ait eu ensuite des contacts et des échanges entre le libyque et le phénicien, les puniques ou autres écritures, est une chose tout à fait possible, notamment en ce qui concerne l'invention de l'alphabet.

Avant d'aborder les éléments en faveur, ou défaveur, de l'une ou l'autre de ces trois hypothèses, voyons d'abord l'écriture elle-même.

Les caractères libyques, d'une simple et délicate géométrie non cursive, constituent une des plus anciennes écritures connues au monde, la première et la seule écriture autochtone d'Afrique du Nord. Comme pour les Libyens, le terme "libyque" vient du nom de la Libye, terme par lequel les Grecs désignaient l'Afrique. Le libyque dans lequel s'exprimaient et écrivaient les premiers Berbères figure aux côtés des autres langues énigmatiques de notre Terre comme celle dite "linéaire A" de Crète, ou celle de l'île de Pâques. Si la persévérance permet de plus en plus de déchiffrer les glyphes mayas, pourtant si complexes, le libyque ancien attend toujours son Champollion, lequel, dès 1838, préfaçant le Dictionnaire de la langue berbère de Venture de Paradis, établissait déjà une parenté entre la langue berbère et l'égyptien ancien.

Malgré la forme moderne du libyque, les tifinagh, que les Touaregs sont les seuls parmi les Berbères à avoir conservés, malgré l'inscription bilingue en punique et libyque du temple de Dougga (Tunisie), datée de l'an 138 ou 139 avant notre ère (10e année de Micipsa, roi des Numides), qui a permis de transcrire l'alphabet libyque oriental, malgré les quelque 1200 inscriptions publiées dont la majorité provient du pays massyle, berceau de la Numidie berbère (Camps G. 1996, p. 2564), sans compter toutes celles qui ont été peintes et gravées sur les rochers du Sahara - les plus mal connues - la langue des Paléo berbères reste indéchiffrée, même si on connaît la valeur d'une partie de ses signes! A l'heure où les paléo-linguistes retrouvent et reconstituent des langues mortes qui remontent à la préhistoire en comparant les langues qui en sont issues, on ne sait pas encore lire le libyque!

On sait par l'histoire que la première occurrence du mot "barbare" se trouve chez Homère, dans l'Iliade. Elle désigne plus exactement le langage des Cariens peuple asiatique lié aux Troyens. Selon Homère, les Cariens sont ceux qui parlent mal leur propre langue. Parler en barbare c'est parler en borborygmes. Le redoublement, considéré comme grotesque, de la première syllabe (bar-bar) désigne celui qui parle mal jusqu'à sa propre langue. Plus tard, chez Platon et Aristote, les Barbares seront ceux qui sont étrangers à la langue de la civilisation, le grec, bien sûr. Montaigne se montre plus objectif en disant que "Chacun appelle "barbarie" ce qui n'est pas de son usage".




Les Touaregs attribuent l'invention de leur écriture à un héros fondateur, Amamellen (qui signifie "celui qui possède la clarté") ou
Aniguran (se traduisant par "proverbe ou énigme, étant compris"), héros fondateur de la culture touarègue. Il s'agit de ces nombreux tifinagh qui "marquent le moindre relief du Sahara et qui commencent par
nek, c'est-à-dire par les lettres I = ien et :- = iek, qui veulent dire "Moi, un tel...". Les Touaregs arrivent à en épeler la plupart des caractères quoiqu'ils n'en comprennent pas toujours le sens et que quelques-uns des signes aient aujourd'hui disparu. Ces tifinagh, bien sûr, annoncent les tifinagh récents en usage aujourd'hui, et qui commencent par le traditionnel: awa nek (c'est moi un tel...). 

Henri Lhote pensait que les inscriptions sahariennes se divisaient en trois groupes.

Les tifinagh les plus anciens apparaissaient dans un contexte caballin uniquement, avec des gravures de chevaux et des cavaliers bitriangulaire à plumes, tenant un bouclier rond et portant un couteau-pendant de bras; ils commençaient par : = ieh, 0 = ier, = (?) et étaient intraduisibles. On se demande quelle est la relation entre cette formule usitée au Tassili et en Ahaggar, et celle, relativement répandue dans l'Adrar des Ifoghas, l 'Adrar Ahnet et l'Aïr, qui comporte aussi les deux premières lettres (ieh et ier), mais dont la troisième diffère, l'ensemble signifiant "Je suis à la trace de...", suivi généralement d'un nom propre féminin. C'est le personnage que cet étage reproduit qui correspondrait donc à Amamellen. Le deuxième groupe identifié par Henri Lhote se constituait de caractères introduisant les tifinagh actuels puisque les Touaregs arrivent à les traduire partiellement; ces dernières apparaissent dans un contexte camelin et débutent souvent par la formule 
traditionnelle : = iaou, l = ien, :- = iek, qui signifie: awa nek, 


"C'est moi...". Enfin, les tifinagh actuels formaient le troisième groupe. Le fait que ces inscriptions soient lues entièrement, partiellement, ou qu'elles échappent à tout déchiffrement est significatif de la variété des signes et de leur évolution à travers le temps. S'agissant des innombrables inscriptions rupestres du Sahara, il est tout à fait vrai que leur déchiffrement ne sera "[...] rendu possible que par des recensements systématiques et une comparaison méthodique des textes bien localisés" (Aghali-Zakaria M. et Drouin J. 1997, p.102). C'est en ce moment l'objectif d'un groupe de chercheurs de l'Ecole pratique des hautes études, au sein du Recueil des Inscriptions libyco-berbères.

La série chronologique d'Henri Lhote doit aujourd'hui être corrigée, du moins dans sa partie initiale.

* Extrait de : Les Premiers Berbères. Entre Méditerranée, Tassili et Nil. Ina-Yas. Edisud 2001
** Malika Hachid est diplômée de l'université de Provence en préhistoire et protohistoire sahariennes. Tour à tour chercheur, maître-assistant, conservateur, puis directeur du Parc national du Tassili des Ajjer (Patrimoine mondial), elle est avant tout un chercheur de terrain, férue du Sahara en général et du Tassili en particulier, une région qu'elle parcourt à pied et à dos de chameau depuis plus de vingt ans.
Auteur de nombreux articles et conférences à travers le monde, elle a aussi collaboré à de nombreuses réalisations audiovisuelles et, consacré deux ouvrages au patrimoine de l'Algérie et du Sahara:
- El-Hadjra el-Mektouba. Les Pierres écrites de l'Atlas saharien,
1 volume de texte, 176 pages ; 1 volumc d'images, 385 photos couleurs, Editions Enag, Alger,1992.
- Le Tassili des Ajjer: Aux sources de l’Afrique, 50 siècles avant les Pyramides,
310 pages, 460 illustrations couleurs et noir et blanc,
Editions édif 2000 et Paris-Méditerranée, Alger, Paris, 1998.
- Les Premiers Berbères. Entre Méditerranée, Tassili et Nil. Ina-Yas. édisud 2001
Malika Hachid est membre fondateur et vice-présidente de la fondation Sonatrach-Tassili.
Ses travaux et son engagement au service de la recherche et du patrimoine lui ont valu, en 1987, une distinction nationale de la Présidence de la République.
Aux origines de l'écriture au Maghreb
Ahmed Siraj*

De l'arrivée des Phéniciens à ce jour, en passant par les Carthaginois, les Grecs, les Romains, les Arabes, les Turcs, etc.., il y a eu toujours au Maghreb des groupes sociaux qui pratiquaient plus ou moins bien deux idiomes, sinon plus. Le Libyque restait malgré tout, la langue locale utilisée par la majeure partie de la population. Cette langue disposait d'un support de transmission écrite attesté par de nombreuses inscriptions. Mais, parmi toutes les formes de l'écriture du Maghreb, cet alphabet continue à susciter plusieurs interrogations.

L'écriture du Maghreb n'a pas connu une phase pré-alphabétique comme c'est le cas dans le processus classique de développement de l'écriture (idéogrammes, syllabaires). Pourtant, depuis le début de la période caballine, l'art rupestre nord-Africain allait passer à un système géométrique -qui va se généraliser au cours de la période protohistorique et s'étendre à toutes les régions de l'Afrique du Nord. Certains chercheurs confirment que des figures attestées dans le Caballin peuvent être considérées comme des signes à caractère alphabétique.

De l'image aux symboles...

L'adoption de l'alphabet fut probablement, par l'utilisation des moyens d'expression plus simples (images, signes, et symboles...), porteuse de messages signifiants. Au Maghreb, même si l'invention de l'écriture est plus récente par rapport aux autres régions méditerranéennes, orientales en particulier, le recours à des formes d'expression est attesté bien avant l'époque historique. Le nombre de gravures rupestres qui s'étalent sur l'ensemble du sol maghrébin et leur diversité prouve la volonté de l'homme de la région de communiquer avec l'autre...

Les gravures rupestres, il en a été découvert des milliers en Afrique du Nord. Mais toutes ne datent pas des temps préhistoriques. On y distingue généralement deux séries : une qu'on qualifie de libyco-berbère, abondante au sud du Maroc, dans l'ouest algérien et dans tout le Sahara. Elle est caractérisée par des images de petites dimensions dessinées en pointillés ou bien en traits minces et associée à une écriture Tifinagh. La forme de celle-ci est intermédiaire entre le Libyque et l'actuel Tifinagh des Touareg. On retrouve des gravures et des graffitis de ce genre jusqu'au Moyen-âge. La deuxième série, plus ancienne, est caractérisée par un style de gravure plus profond qui reproduit des thèmes de faune disparue aujourd'hui de l'Afrique du Nord.



Photo prise dans mon coin de nulle part



Les thèmes des gravures nous renseignent sur les temps anciens, leurs faunes, leurs hommes, parfois sur certains aspects du mode de vie de ces derniers. Les thèmes principaux sont les suivants :
* La faune comporte des animaux sauvages comme les félins, le rhinocéros, la gazelle et l'antilope, l'éléphant, les équidés, l'hyène, l'autruche, le lézard, quelques oryx, etc. Et des animaux domestiques tels que bovidés en grand nombre mais aussi chevaux, dromadaires, chiens, etc.
* Les armes représentaient des pointes de flèches, des arcs des lances, des bâtons de jet, etc. Des chars y sont également associés;
* Les anthropomorphes représentant des scènes de pastoralisme, de chasse, de guerre, d'accouplement, ou des scènes de culte ("idoles en violon" aux sites de l'Oukaïmden et du Yagour, par exemple) ;
* Des formes géométriques ou symboliques indéterminées que des cupules, des contours de pied, des jeux, des réticulés, des chevrons, des rosaces, etc ;
* L'écriture libyco-berbère, souvent associée à d'autres figurations rupestres.

Les chercheurs qui se sont penchés sur l'art rupestre marocain ont essayé d'établir une chronologie qui rend compte des grandes périodes reconnues par des thèmes ou des styles particuliers. Cependant, les problèmes de datation demeurent entièrement posés en raison de l'extrême rareté d'éléments fiables. Cependant, une chronologie relative peut-être établie en se basant sur :
* Les espèces animales et les objets représentés (le rhinocéros a disparu depuis le dessèchement du Sahara : les armes métalliques remontent à l'âge des métaux)
* La patine de la gravure : un trait foncé est souvent plus ancien qu'un trait clair
* La superposition des gravures témoignant d'une succession dans le temps ;
* Le style (style Tazina caractérisé par un trait poli profond, des membres effilés et se rejoignant: style libyco-berbère caractérisé par le piquetage, l'absence du contour, la prépondérance du symbole, la stylisation des figures, etc.)

Ce patrimoine rupestre très riche au Maghreb représente des scènes inspirées de la vie quotidienne ou bien des croyances des anciens Imazighen. Une façon de perpétuer le message et de le transmettre... Sans parole !...

Parce qu'il raconte une vie, celle du mort de son vivant ou une mentalité à un moment de l'histoire du groupe, le décor des Haouanet (chambre funéraire creusée sur les flancs des collines) en Tunisie transmet un message. En général, ce mode d'expression remonte au Néolithique. Les fresques de Tassili illustrent parfaitement cette ancienneté. Partout en Afrique du Nord se rencontrent encore aujourd'hui des gravures et des peintures à l'ocre, toutes ne sont pas préhistoriques, le décor des Haouanet date de la période historique, souvent de la deuxième moitié du premier millénaire. Le lien entre le décor préhistorique et celui plus proche de nous réside dans le choix des thèmes, dans la symbolique et dans le rendu souvent " naïf ". D'où la difficulté de l'interprétation. Ce décor des Haouanet comporte plusieurs thèmes avec des motifs géométriques, un décor végétal, des représentations de la faune, des scènes pastorales, de navigation, des motifs architecturaux, des scènes culturelles, des scènes mythologiques...

Une tradition du symbolique

Sans parler des nombreuses utilisations du signe et des symboles dans différents aspects de la vie des peuples maghrébins à l'époque médiévale, des recherches récentes ont conduit à la découverte d'un vaste espace funéraire remontant probablement au Haut Moyen-âge et comportant une multitude de pétroglyphes jusqu'à présent incompréhensibles.

Le point de départ de cet espace est le cimetière de Sidi Abou Amar situé à 2 Km environ à vol d'oiseau de la côte atlantique au sud de Mohammedia sur la rive droite de l'Oued Mellah. La partie abandonnée du cimetière englobe plusieurs dizaines de tombes dont la plupart des siècles sont enfuies. Les tombes visibles possèdent toutes des siècles pétroglyphes mystérieuses par la nature des signes, des symboles et des motifs qui ne peuvent être comparés ni aux Swahed islamiques ni aux stèles antiques. Dans les années 60 et 70, Alexis Denis avait découvert d'autres cimetières du même type aux environs du cap Badouza au nord de Safi. La localisation de ces cimetières ne dépasse pas pour le moment l'ancien territoire des Bourgwata, importante confédération de tribus des plaines atlantiques de Tamesna. On se demande ainsi s'il ne s'agit pas de cimetières témoignant de trois siècles de cette civilisation jusqu'à présent très mal perçue à travers les sources littéraires. Il n'est tout de même pas possible d'admettre que cette population réputée pour avoir créé sa propre religion, qui fut un mélange de christianisme, de judaïsme, d'Islam, de pratiques magiques et " anciennes traditions berbères ", ait disparu sans laisser le moindre témoignage matériel reflétant une partie de ses croyances mystérieuses. Aucune interprétation de ces stèles ne peut être avancée actuellement, mais il est vraisemblable qu'il s'agisse de signes magique-religieux.

1300 textes libyques répertoriés

On évalue aujourd'hui à plus de 1300 textes, le nombre d'inscriptions libyques connues jusqu'à présent au Maghreb. On entend par " écriture Libyque " celle datée de la période préislamique. D'autres textes plus nombreux et plus récents sont connus au Sahara. Ils présentent un aspect différent mais qu'on considère généralement comme étant dérivé du Libyque antique. Ce sont les inscriptions en tifinagh encore utilisées de nos jours par les Touaregs. L'espace géographique couvert par ces inscriptions s'étend sur l'ensemble du territoire des peuples Tmazighen, des îles Canaries jusqu'en Libye et de la Méditerranée jusqu'au Niger. Les inscriptions libyques se répartissent sur le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, et la Libye avec une densité et une chronologie variables. C'est l'ancien royaume des rois numides (nord-ouest tunisien et algérien) qui a fourni le plus grand nombre d'inscriptions, d'où le qualificatif " numidique " attribué à cette écriture au départ. C'est aussi cette région, et plus particulièrement le fabuleux site de Dougga, qui a donné des inscriptions bilingues (Libyquo-punique) ayant permis de déchiffrer quelques textes officiels. Cela dit, l'exploration est loin d'être achevée car de nouvelles découvertes ne cessent d'augmenter le nombre d'inscriptions dans le reste du Maghreb et d'élargir l'espace de leur diffusion. Les nouvelles découvertes effectuées récemment au Maroc le prouvent.

Malgré les progrès de recherches de ces dernières années, plusieurs aspects liés au Libyque demeurent inexpliqués. L'un des problèmes qui a suscité des débats est celui des origines qui restent difficiles à établir, d'autant plus que nous disposons de peu d'inscriptions datées. On a longtemps considéré que le Libyque dérivait de l'alphabet phénicien sans pouvoir expliquer le processus de parenté. L'existence des signes communs aux deux écritures et le nom Tifinagh donné à la forme actuelle du Libyque constituaient des arguments pour les défenseurs de cette thèse. En revanche, d'autres éléments contredisent la thèse d'une "origine punique". La graphie des signes puniques est cursive alors que les caractères Libyques sont anguleux, géométriques. Le sens de l'écriture est aussi différent. Le punique s'écrit horizontalement de droite à gauche, tandis que le Libyque s'écrit en général verticalement. Les inscriptions officielles de Dougga écrites en lignes horizontales semblent avoir été le résultat d'une influence punique. Ceux qui cherchaient à rattacher le Libyque à des écritures orientales ne considéraient pas l'éventualité d'une invention et non pas d'une introduction. Aujourd'hui plusieurs chercheurs croient de plus en plus à une origine locale.

Le Libyque remonterait au VII siècle avant J.C

La datation de cette écriture est aussi sujet de discussion. Ces inscriptions sont en grande partie funéraires et ne portent aucun indice de datation. D'autres textes se trouvent superposés à des gravures rupestres remontant à la période préhistorique, ce qui complique la tâche de datation. Pendant longtemps on a opté pour une chronologie basse qui attribue un rôle décisif à l'influence de l'écriture punique dans la formation de l'alphabet Libyque. Cette datation s'appuie sur une étymologie du nom Tifinagh qui signifiait à l'origine " les puniques " et sur des attestations numidiques révélées par les inscriptions bilingues (punique Libyque) de Dougga (Tunisie). Une de ces inscriptions est datée : il s'agit de l'inscription du temple de Massinissa qui date la construction du temple en l'an 10 du règne de Micipsa, c'est-à-dire 138 ou 139 av. J. C. Cette chronologie ne fait pas remonter la datation de ces inscriptions, et donc de l'écriture, au-delà du IIe siècle av. J. C au III' siècle av. J. C.

Mais on croit de plus en plus que l'écriture libyque devrait remonter à une date plus ancienne. Le document clé qui appuie cette hypothèse est la fameuse gravure de Azib n-Ikkis dans le Haut Atlas marocain. Découverte en 1959, cette gravure comporte une inscription libyque de 15 à 16 caractères à l'intérieur d'un cartouche anthropomorphe vertical. La technique du trait, la patine et le style sont identiques à la gravure datée de l'âge de Bronze. G. Camps considère fermement que "même en rajeunissant à l'extrême le contexte archéologique", cette inscription est bien antérieure au VII-Ve siècle av. J. C. Plusieurs chercheurs s'accordent désormais à ne pas écarter l'hypothèse de l'ancienneté de certaines inscriptions libyques de l'Atlas saharien, du Sahara Central, de l'Air, de l'Atlas et du Sud marocains. L'argument de cette haute chronologie, qui atteint parfois 1500 av. J. C, est la contemporanéité des témoignages épigraphiques avec les gravures et les peintures.

Le Libyque est caractérisé par un phénomène de régionalisation marquée. La majorité des inscriptions provient des zones proches de la sphère de la civilisation punique et latine : Nord de la Tunisie, Nord Constantinois, Nord du Maroc, la carte de répartition des inscriptions libyques du Maghreb montre un déséquilibre numérique entre ces régions et le reste du Maghreb. Cet état de fait a été comme l'argument qui confirme l'origine punique de cette écriture. Pourtant, il se peut que ce déséquilibre ne soit le résultat d'un déséquilibre dans les stratégies des explorations archéologiques qui ont beaucoup insisté sur les zones soumises aux cultures étrangères aux dépends de celles restées autochtones. Notant que malgré le nombre faible des inscriptions trouvées hors des espaces punico-latins d'Afrique du Nord, c'est dans le lot de ces inscriptions qu'on retrouve des témoignages chronologiques et thématiques importants.

Depuis le XIX siècle, les spécialistes ont pris l'habitude de distinguer deux types d'alphabets libyques : l'alphabet oriental et l'alphabet occidental. Quoi qu'il reflète les différences entre les alphabets utilisés sur les inscriptions de la Tunisie occidentale et celui des inscriptions du Maghreb occidental, aujourd'hui, ce schéma est presque dépassé. Plusieurs types d'alphabets semblent avoir existé et les différences régionales sont remarquables.

Plusieurs facteurs ont contribué à cette diversité du Libyque dont le plus important reste l'évolution chronologique de l'alphabet, les influences subies par les formes d'écritures étrangères, phénico-punique en particulier et le particulier le morcellement social des entités ethniques du Maghreb. On peut plutôt parler d'écritures libyques.

L'écriture Libyque outil de transmission du savoir

Le Libyque pose toujours des problèmes de déchiffrement et de lecture. Peu d'inscriptions ont été lues jusqu'à présent. C'est surtout grâce aux inscriptions bilingues qu'on arrive à déchiffrer les inscriptions libyques dites orientales. Pour le reste des inscriptions, funéraires en général, la lecture est impossible aujourd'hui.
Essentiellement consonantique, comme c'est le cas des alphabets sémitiques, le Libyque oriental se compose de 24 signes. Fulgence, auteur du Ve siècle rapporte que le nombre de ses signes est de 23 pour les écritures occidentales, il est impossible pour le moment d'avancer une hypothèse sur le nombre de signes. On remarque par ailleurs une différence entre les signes utilisés dans les inscriptions de l'Algérie par rapport à ceux du Maroc et vice-versa.

Les futures recherches ont beaucoup d'aspects confus à expliquer, en particulier la datation des premières attestations libyques liées à l'art rupestre. Le processus du passage du style figuratif aux signes géométriques de l'art rupestre, puis à l'alphabet, est un thème qui continue à préoccuper les chercheurs. Sans parler évidemment du problème du déchiffrement des inscriptions libyques qui reste entièrement posé. La tradition de l'écriture libyque a certainement continué, sous forme de Tifinagh, au Moyen âge et à l'époque actuelle. Pourtant, tout comme la langue qu'elle exprimait, jamais cette écriture ne s'est confirmée comme outil de transmission du savoir. Pour quelle raison ? C'est là toute la question...

* Professeur d'histoire et d'archéologie
Extrait de L'ESSENTIEL



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