FEMMES de BROUSSE, FEMMES d'un AUTRE TEMPS




Quand l’époux te répudie,
C’est alors la perfidie,
Ton union s’affaisse,
Ton mariage s’écroule.
Toi longtemps mère épouse,
Par la faute d’un mari Satan,
Tu es risée de la société,
L’injustice brise tes qualités,
Dans un monde sans aspect,
Tu es en quête de ton respect.

Oh femme! Oh mère!
Ne sois pas désolée,
Deviens plus enchantée,
Toute l’humanité t’écoute,
Je te défends sans doute,
J‘évite tes souffrances,
Je lutte sans intermittences,

Pour

Qu’on promulgue des lois,
Qu’on respecte tes droits,
Qu’on ne voie tes larmes,
Qu’on t’épargne ces armes :
Les insultes, les sévices,
Les fausses couches,
Les maris farouches.
Sachant que mon bonheur,
Est le fruit de ta chaleur,
Je te protège, accouche.

Femme mère!

Si tu n’es pas intégrée,
Il n’y aurait pas de progrès.


Poème d'un ami   Juriste - Conseiller technique en Droits Humains, ANDDH/Agadez Moussa Elekou


FEMMES D’UN AUTRE TEMPS !
                                " Relater la situation de la femme de brousse - la faire partager........   
                                          Il y a tant à dire que je l’ai inscrite comme étant:  
 L’expression physique de la privation. 
Cette expression  met en évidence l’épreuve de la femme de brousse dont je suis l’observatrice de tous les jours et d’une réalité qui me déplaît. 
J’ai vu tant de souffrance, de misère, de solitude et de drames. 


Et jamais la femme ne formule une plainte.
Le visage reste impassible mais dans son cœur c’est la tourmente, le supplice du corps, la torture de l’âme.

La femme physiquement, mentalement est entravée dans tout son être et ce depuis son enfance.

Comment parvenir à lui faire décrire sa souffrance et son désespoir ? alors que l’expression orale est impossible et les mots inexistants.

On ne peut le savoir qu'à la seule condition de partager avec elle cette vie, la comprendre pour mieux saisir le problème de son identité jusqu'au désarroi et cauchemar actuels. 

Je partage avec elles cette vie rudimentaire qui m’apprend le sacrifice, la philosophie de l’élémentaire.

La seule obsession de la femme au quotidien : 


    1. - Trouver de l’eau, du bois, de quoi manger pour nourrir les enfants, les vieux et les bêtes. 
    2. - Trouver dans la brousse des plantes médicinales pour se soigner.  

La réalité d'aujourd’hui est que, chaque jour ces éléments de survie et ce droit ancestral disparaissent doucement. Quand les conditions de vie deviennent intolérables, quand s’accumulent les incertitudes, la femme les endure et n’a plus d’emprise sur son existence.
 

Alors, la femme doit trouver des solutions pour survivre, sans aucune garantie pour le lendemain.
 

Analphabètes pour la plupart, elles ne peuvent pas s’inscrire dans des projets communautaires ou de développement. C'est à nous d'aller au devant d'elles si nous voulons les faire avancer......

Pensent-elles vraiment à l’avenir ?

L’avenir ne fait pas parti de leurs  inquiétudes, tout se conjugue au présent. 
C’est ainsi qu’elles vous répondent  ʺinch Allahʺ lorsque vous lancez ces quelques mots : 
"à demain" 
Il n’y a pas de lendemain pour elles, elles n’attendent rien de cet avenir qui va encore leur demander de  lutter.... pour rien. 
Elles sont résignées à leur condition, soumises à leur destin. Malgré cette grande détresse, cette misère palpable qu’elles veulent me cacher, elles gardent leur énergie pour lancer des  plaisanteries. Leurs rires sonores entraînent des battements de mains, des chants et s’ensuit une danse effrénée. Tout est, avec elles prétexte à l’humour, plaisanteries, chants et danses. 

Est-ce pour oublier leur statut ? 

 
Elles sont conscientes de leur rang et elles l’acceptent en disant : c’est ainsi, nous sommes des pauvres. Mais elles n'ont pas beaucoup de repères.
J’ai cherché à mieux les connaître !


Qui sont les plus pauvres ?
Quels sont les critères de grande pauvreté ? 


La pauvreté résulte généralement de conditions de départ défavorables. 

La pauvreté est l’insuffisance de ressources matérielles mais aussi de conditions de vie, qui ne permettent pas à des êtres humains de vivre dignement selon les droits juridiques et fondamentaux de la personne humaine, les condamnant aux difficultés de la survie au jour le jour. 

A Tchigourene, Zomo, Nabalaw, Tchigayene et ses environs, la pauvreté est quasi généralisée et je me bats auprès des autorités pour des réalités aussi essentielles que l’éducation, l’eau potable, la santé, l’hygiène, l’assainissement……..et comprendre le combat de toutes.

Ce qui en fait est une priorité parmi les priorités. 




Ma quête de connaissance dans ces clans touaregs m’a permis de rencontrer des femmes extraordinaires, préoccupées au plus profond d’elles-mêmes par les plus démunies. 
Elles-mêmes, dépourvues, m’ont entraîné vers les plus pauvres d’entre elles.
Elles sont rongées par cette misère qui fait partie de leur quotidien. 

Elles m'en ont parlé pour se libérer, en partageant leurs blessures, et leur honte. 
Depuis est née entre nous une relation d’amitié et de confiance. Avec elles, je suis partie à la rencontre de ces pauvres. J’ai rencontré beaucoup de femmes isolées  avec de jeunes enfants. Leur condition de vie s’est révélée très bouleversante. 

Il ne faut pas oublier que la femme en parfaite santé physique et morale, quelque soit son statut, est le support essentiel sur lequel repose la vie économique,  l'avenir de la communauté et ce, malgré les nouvelles idéologies dues aux enchaînements du cours de l'histoire, même si les nouvelles données se modifient.
Toute femme dépourvue a droit au strict minimum, ce qui n’est pas toujours le cas. De la part de ces femmes, j’ai découvert une entraide spontanée pour ces démunies, beaucoup plus bienveillante qu’envers les femmes pauvres dont la présence de l’homme est quasi permanente. 

Ce qui explique que le rôle de l’homme est de travailler, d’apporter bien être à la maison pour la stabilité du clan, et ne pas rester inactif. Il doit soutenir la famille en particulier, les familles quand il possède plusieurs femmes !

Alors comment interpréter ces comportements ? 

 
Une femme troublée vient me chercher pour aller chez une voisine malade. Je décide de la suivre…. Je pénètre dans la case et trouve dans la pénombre une femme prostrée, décharnée. En réalité, cette femme dont je ne peux donner d’âge, est mourante avec dans ses bras son bébé à l’agonie. Elle ne peut pas le nourrir. Dans ce cas évident le mari a refusé de prendre en charge les besoins de son épouse ou coépouses. La polygamie peut parfois entraîner ce drame et la pauvreté. 


Comment réagir ? 

- Il faut essayer d’analyser la situation et l’interpréter.
- N’a t-elle pas osé demander de l’aide ? 

- Et Pourquoi ?  

Cette femme déconsidérée, vivait isolée du clan, délaissée, repoussée par le mari et les coépouses plus jeunes. Elle vivait mal cette situation d’infamie, et de honte. Dans sa grande détresse, elle quittait ce monde, accompagnée de son petit enfant.
Posant le pied sur les 3 pierres sur lesquelles doit être posée la marmite, j’ai compris que cette femme n’avait plus rien pour se nourrir. 




                                  Essayer de vivre dans ces conditions m'a été facile. Retrouver ses racines ?

Et depuis combien de temps la marmite n’avait pas été sur le feu ?
Pourquoi ne pas avoir demandé un soutien ?
Devant de telles situations, je me remets constamment en question à travers cette femme, et en particulier ces pauvres.  


Il ne faut jamais ignorer le désespoir et le stress permanent de ces femmes seules. 

Le primordial : Être à l’écoute de leurs besoins nutritionnels. 

Ne pas laisser la malnutrition ronger ces femmes qui n’ont rien d’autre à présent, que ce que la Nature veut bien leur donner, encore faut-il avoir le droit de récolter ses maigres dons !
Cet aspect de la malnutrition, a permis de développer une de nos actions sur la dénutrition. 

Un constat sur les besoins prioritaires concernant la malnutrition et dénutrition, a fait l’objet d’une étude approfondie avec l’aide de ces femmes, avant de lancer le projet nutritionnel. 

La connaissance de la population, a permis de constater le bien fondé d'une aide particulière en lançant la création d’un centre nutritionnel. 

Le défi quand on rencontre ce genre de situation, est de ne pas créer un lien d’assistanat. Les femmes ont compris que le projet ne serait pas centré sur les apparences négatives et éprouvantes de la vie. 

De leur point de vue elles n’identifient pas la malnutrition en tant que telle puisqu’elles n’ont pas été informées ni sensibilisées sur ces complications. Pour elles, c’est une fatalité et chez l’enfant une malchance ou un mauvais sort.
Des groupes de travail avec débats entre femmes ont été organisés afin de les familiariser aux nouvelles pratiques, sur l’alimentation, la conservation de l’eau, les maladies infantiles, les premiers soins à prodiguer à une femme ou un enfant malades, etc... 


Les objectifs étaient de trois ordres :
 

1 - Choisir des femmes animatrices pour assurer ce travail,
2 - Approcher les femmes les plus vulnérables,

3 - Dénombrer les femmes malnutries et les enfants dénutris,

Il fallait obtenir des résultats nutritionnels, mais aussi sur le développement psychologique de la femme et psychomoteur de l’enfant. 

Certaines femmes n’osaient pas se rendre au centre nutritionnel, se sentant exclues. Il a fallu aller au devant de cet obstacle, les sensibiliser, les informer, les laisser faire la démarche seules pour se fonder dans notre groupe de travail
Par la suite le centre fut fermé. Le comportement  des femmes avait totalement changé, elles pouvaient faire face à la réalité de la santé, de leur alimentation et celle de leurs enfants. 

L’indication de cette modification fut la consolidation des liens entre les femmes et le centre de santé. A ce jour le constat de cette action nous autorise à avouer, que deux éléments majeurs ont permis cette réussite : 


1 - la connaissance de la population et 
2 - le temps qui lui a été consacré. 





Avec beaucoup d’appréhension, les femmes ont exprimé le besoin d’êtres soutenues en demandant la création de leur coopérative pour être reconnues socialement, juridiquement et être aidées par NOUS, en tant que Partenaire ce que signifie : 

Ces femmes déshéritées, ont chercher auprès de nous un partenaire de soutien permanent puis se sont tournées vers les femmes rejetées afin d'aider plus pauvres qu'elles. 

Nous leur laissons dans tous les domaines de développement beaucoup de responsabilités, je reste près d'elles pour les soutenir dans leurs actions parce qu' :


                 Elles ont besoin d’exister






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